Le rôle des religieux est mis en avant sur la libération de Khalifa Sall. Mais Saliou Sarr préfère parler de la «somme de plusieurs forces» dont le rôle «déterminant» du Front de résistance nationale (Frn). D’ailleurs, ce proche de l’ex-maire de Dakar, vice-coordonnateur du Pôle de l’opposition au dialogue politique, recadre Barthélemy Dias et prévient que la lutte se poursuit pour la réhabilitation politique de Khalifa Sall et Karim Wade.

Quel est le rôle joué par les acteurs au dialogue politique sur la libération de Khalifa Sall ?
La libération de Khalifa Sall et la restitution de ses droits ont été une exigence du Front de résistance nationale dans le cadre du dialogue national. On avait dit que cela participait au rétablissement de la paix sociale et à la bonne tenue du dialogue politique.

Concrètement au niveau des concertations, est-ce que la question relative à la libération de Khalifa Sall a été abordée ?
Nous en avons discuté depuis le début en exigeant devant le président de la République la libération de Khalifa Sall. Nous l’avons très tôt indiqué à l’autorité.

Pourtant Barthélemy Dias vous a appelés à quitter la table du dialogue à un moment donné…
C’est un point de vue divergent que nous respectons. Nous sommes des Socialistes qui avons travaillé en 2007 à sortir dans les statuts du Parti socialiste le centralisme démocratique pour créer plus de débat. On a mis en avant la démocratie et la liberté d’expression. Il a estimé que la sincérité du président de la République devait être prouvée par la libération de Khalifa. Nous, nous avons dit «oui» au président de la République pour le dialogue. D’abord, on l’avait demandé avant l’élection et il ne nous a pas suivis. Mais mieux vaut tard que jamais ! Maintenant qu’il avait fait l’appel, nous avions décidé de répondre avec des exigences. Il s’agit de la personnalité indépendante pour diriger le dialogue, la mise en place d’une commission cellulaire, son engagement à respecter les conclusions consensuelles issues des concertations. On n’a pas obtenu tout de suite satisfaction à nos revendications. Mais durant les semaines qui ont suivi, nous avons obtenu gain de cause à toutes nos revendications. Même l’opposition a réclamé et obtenu la délocalisation du lieu du dialogue qui se tenait à la direction générale des Elections, un organe du ministère de l’Intérieur. La libération de Khalifa entre dans cette lignée. Mais on va continuer à discuter pour sa réhabilitation et celle de Karim Wade.

Quand Barthélemy Dias traite les participants au dialogue de «comploteurs», de «dealers», est-ce que le camp de Khalifa Sall ne se retrouve pas divisé à cause de ces concertations ?
On n’est pas du tout divisé. Nous sommes en démocratie. Idrissa Diallo, Cheikh Guèye, Babacar Thioye Ba, entre autres, ne pensent pas la même chose. Barthélemy est le seul à tenir ce discours. La famille de Khalifa Sall est unie avec Barthélemy Dias, moi-même et tout le monde. Pour le moment, nous savourons tous la libération de notre leader. Mais la lutte se poursuit.

Vous revendiquez la libération de Khalifa Sall, mais pour beaucoup l’intervention de Touba a été déterminante…
La grâce de Khalifa a été la somme de l’intervention de plusieurs forces. La Société civile qui avait initié une pétition peut revendiquer cette libération. Mais beaucoup d’hommes politiques que je ne peux pas citer sont allés voir directement Macky Sall. Nous remercions tous les chefs religieux. Mais ceux qui ont demandé et travaillé pour la libération de Khalifa Sall, ce sont ces forces multiformes et très diverses. C’est un ensemble d’actes. Et là, je peux dire que le Front de résistance nationale a joué un rôle déterminant en portant le combat. Si le Président organise un dialogue et parle de la question de Khalifa Sall, ce n’est pas du hasard. Tout son discours était orienté autour de la libération de Khalifa Sall durant une heure de temps. Même le représentant du Pôle des non-alignés, avant d’intervenir, a demandé la libération de Khalifa Sall. Vous pensez que tout cela est banal. Ce n’est pas un hasard si un président de la République, après une réélection, demande à dialoguer.

Ce dialogue a-t-il été organisé juste pour la libération de Khalifa Sall et le retour de Karim Wade ?
Entre autres, oui. Nous ne l’avons jamais caché et nous l’assumons.