Plus loin avec… Yves-François Preira, président de Fotti : «La formation est une demande des acteurs culturels»

Depuis 2017, le Centre d’art nomade Younouss Diallo Fotti organise des sessions de formation à l’endroit des jeunes des régions les plus éloignées du pays. Des actions de formation qui commencent à porter leurs fruits, puisque petit à petit un réseau de professionnels est en train de se mettre en place dans ces régions.
Quel est l’objet de cette résidence ?
L’objectif, c’est déjà de profiter du contexte Convid-19 où beaucoup d’activités sont au ralenti pour apporter une formation en production et écriture de scénario de séries fictions. L’objectif c’est aussi de profiter de ce contexte, échanger des connaissances et se perfectionner parce que ce sont des jeunes qui viennent d’un peu partout dans le Sénégal.
Vous avez pu constater que la formation était un besoin important pour les acteurs du secteur cinématographique…
Nous sommes une association qui favorise des rencontres et c’est le nom qu’on a. «Fotti» veut dire «Rencontre» en peul. De temps en temps, quand nous rencontrons des acteurs étatiques ou des maisons de production, des centres culturels régionaux etc., les premières choses qu’ils nous disent c’est que les acteurs culturels ont besoin de formation pour se professionnaliser. La formation est une demande des acteurs culturels. Et nous on essaie de voir avec nos partenaires qui sont au Sénégal et en Europe comment mettre sur pied des ateliers de ce type où nous prenons entièrement en charge les frais de participation. Depuis qu’on a commencé en 2017, on a eu à former 12 jeunes qui ont chacun réalisé à la fin de cette formation un film documentaire. Et parmi ces films, trois ont eu à participer à des festivals au Sénégal et même au Clap Ivoire à Abidjan. On a fait aussi une formation en production, réalisation etc. Chaque année, on organise deux à trois ateliers. On est à l’écoute des acteurs qui nous disent quels sont leurs besoins. Il n’y a pas beaucoup d’écoles de formation même si l’offre tend à se mettre en place. Mais ces écoles seront payantes pour la plupart et il est évident que le jeune qui est à Ziguinchor ou Matam n’aura peut-être pas les moyens de venir s’y inscrire.
Vous vous êtes aussi orientés vers la formation dans les régions ?
C’est ce qu’on peut appeler l’Adn de Fotti qui, dès les premiers instants de sa mise en place à Ziguinchor et Kaolack, a eu à développer pendant deux ans une série de formations en art de la scène. 90% de nos activités se déroulent dans les centres culturels régionaux. On a organisé à Ziguinchor et Sédhiou autour de la régie son et lumière, à Saint-Louis, Thiès et même à Nguékhokh. L’objectif c’est aussi de créer un réseau et favoriser les rencontres. Et là, on y va avec le vœu de la direction de la Cinématographie d’installer des pôles cinématographiques dans les régions pour que, quand quelqu’un vient tourner dans une région, il trouve des techniciens sur place. C’est l’un de nos objectifs en formant ces jeunes qu’on aide aussi à se mettre en réseaux, à tisser des partenariats.