PME Financements alternatifs : La Bceao œuvre pour l’appropriation de l’affacturage

Les autorités de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) veulent que les banquiers, les entrepreneurs désireux de lancer une activité d’affacturage comprennent davantage cet instrument et s’approprient les dispositifs-clés de la loi uniforme sur l’affacturage dans l’Uemoa. Pour cela, l’institut d’émission des pays de l’Uemoa a co-organisé, avec Afreximbank et Fci, une conférence régionale sur «L’Affacturage, le financement des créances et l’assurance-crédit en Afrique de l’Ouest», du 7 au 9 juin 2023, à Dakar.
Par Dialigué FAYE – Pour diversifier les instruments de financement des Petites et moyennes entreprises (Pme) dans les Etats membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, le Conseil des ministres de l’Uemoa a adopté le 10 décembre 2020, le projet de loi uniforme relative à l’activité d’affacturage. Cette loi est en cours d’insertion dans l’ordonnancement juridique des Etats membres de l’Union. A ce jour, cinq pays l’ont déjà adoptée, à savoir le Burkina, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger et le Togo.
Aujourd’hui, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) veut non seulement que tous les Etats membres de l’Union l’adoptent, mais également que les banquiers, les entrepreneurs désireux de lancer l’activité d’affacturage la comprennent davantage et se l’approprient. Pour cela, en partenariat avec Afreximbank et Fci, organe mondial de l’industrie de l’affacturage et du financement de créances, la Bceao a réuni tous ces acteurs du 7 au 9 juin 2023 à Dakar, afin de passer en revue les expériences réussies dans le monde en la matière, d’identifier les meilleures politiques et stratégies à mettre en œuvre en vue de relever le défi du développement d’un écosystème performant et dynamique, à même de contribuer à l’atteinte des objectifs visés.
«Les attentes sont pressantes dans les pays de l’Uemoa. En effet, les bénéficiaires potentiels de ces financements alternatifs, à savoir les Pme, représentent près de 95% de l’ensemble des entreprises et emploient la part la plus importante de la main-d’œuvre du secteur privé. Ces entreprises contribuent à hauteur d’environ 50% à la création d’emplois.
Afreximbank, banque africaine d’import-export, et Fci ont très tôt perçu, avec la Bceao, la nécessité de renforcer les capacités et d’organiser un partage de connaissances pour faciliter l’appropriation de ces instruments étroitement liés entre eux», a indiqué le Secrétaire général de la Bceao. Abdoulaye Seck d’ajouter que «la Bceao a inscrit au rang de ses priorités, la promotion et le développement de l’affacturage, afin de libérer le potentiel de croissance des entreprises, notamment les micros, petites et moyennes entreprises».
L’affacturage ou factoring est présentée comme étant «une technique de gestion financière qui consiste, pour une entreprise, à confier, dans le cadre d’un contrat, la gestion de ses créances clients à une société financière appelée affactureur ou factor. Ce procédé permet à l’entreprise de financer ses créances et de récupérer de la trésorerie. L’affactureur procède alors, moyennant une rémunération, au recouvrement des créances, à la gestion des encaissements et à la garantie des risques clients. Cette technique de financement cible tout particulièrement les Pme confrontées à des difficultés de trésorerie pour financer leur cycle d’exploitation ou pour faire face à leurs dépenses courantes de fonctionnement, et qui ont difficilement accès aux prêts classiques par manque de garanties suffisantes».
Les acteurs vantent le produit
Pour Calixte Médard Tabangoli de la Banque postale du Congo, l’affacturage est «un accélérateur de croissance pour les Pme. Car elle permet aux entreprises de souffler, de garder la tête hors de l’eau et de s’engager à pouvoir répondre à d’autres demandes d’autres clients». Le banquier reste convaincu que «c’est la meilleure solution pour permettre aux entreprises africaines de pouvoir croître et évoluer».
Le directeur de l’activité d’affacturage au sein de la Banque nationale pour le développement économique (Bnde) ne dit pas le contraire. «Les entreprises qui font recours à l’affacturage y trouvent leur compte, parce que ça leur permet de ne plus attendre une facture qui doit être payée dans 90 jours. Dès que la facture est acceptée par le client, cette dernière est déposée à la société d’affacturage, et le lendemain, la Pme dispose de liquidité pour faire tourner son activité. C’est une solution innovante, alternative et qui permet vraiment de booster le développement des Pme», soutient Pape Samba Yacine Diop.
Au Sénégal, cet outil évolue positivement, malgré l’absence de cadre réglementaire. La Bnde, par exemple, enregistre de plus en plus de demandes. M. Diop précise : «Au départ, on avait 4 contrats. Aujourd’hui, on en est à 51. Il n’y avait que 4 factors ou 3. Aujourd’hui, on a senti de l’appétit. Toutes les banques veulent se lancer dans l’affacturage. Le produit également commence à être connu. Chaque semaine, on reçoit des clients, des demandes d’ouverture de lignes. Ce qui veut dire que c’est un produit qui commence à faire son chemin, et si on multiplie ces genres de rencontres et que l’Etat du Sénégal adopte la loi sur l’affacturage, ça nous permettra vraiment de booster le produit qui est excellent pour les Pme.»
dialigue@lequotidien.sn