Hier, les populations des villages du Diéri, situés dans les communes de Doumga Lao et Dodel, se sont réveillées avec des visages tristes. Après le passage du feu de brousse, il ne subsiste que des restes de bétail calcinés, des cases et maisons en banco avalées par les flammes et un couvert végétal noirci. Stoïques, elles ont enterré leurs morts hier dont une femme et son bébé.Demba NIANG

– Que reste-t-il à Boguéré (commune de Doumga Lao), Thiambal (commune de Dodel) ? Au lendemain du feu de brousse qui a ravagé ces villages, il ne reste qu’un paysage désolant, des populations endeuillées… Le feu de brousse, qui s’est déclenché le mardi matin, a étalé ses flammes jusqu’aux environs de 22h, avant de s’éteindre dans une zone aride. Hier, une grande partie de la zone du Diéri montre une atmosphère de catastrophe. Il y a les signes d’apocalypse : couvert végétal, charrettes et animaux (chevaux, moutons, chèvres et bœufs) calcinés. Alors que les blessés sont en train d’être soignés, c’est la consternation à la levée des corps des quatre personnes tuées par le feu, au centre hospitalier de Ndioum. Aussi longtemps que l’on se souvienne, ces villages n’ont jamais connu un tel drame.
Ce terrible feu de brousse serait parti d’un berger qui préparait un repas. Il a fini par faire des dégâts inestimables en moins de 24 heures, sur plusieurs hectares. Selon les habitants, dès le déclenchement du feu, des alertes ont été lancées pour venir à leur secours et surtout pour l’intervention des citernes dans les forages aux alentours, mais les trois sollicitées étaient en panne et l’arrivée des soldats du feu était improbable.
Alors qu’ils devaient parcourir des heures avec la longue distance entre la zone d’incendie et les deux brigades des sapeurs-pompiers, logées à Pété et Podor, l’impraticabilité des pistes très sablonneuses rendait la mission presque impossible. Ce sont les populations de Diéri, épaulées par des secours convoyés par des voitures mises à disposition par le maire de Dodel, qui ont lutté des heures durant contre les flammes qui ne pouvaient plus progresser vers 22h à cause de l’aridité de la zone.

Une femme et son bébé parmi les morts
A Boguéré, situé dans la commune de Doumga Lao, à Thiambal, niché dans la commune de Dodel, le feu n’a rien laissé sur son passage, comme ce jeune berger surpris avec son troupeau, qui succomba à ses brûlures à l’hôpital de Ndioum. Seydou Mamadou, animateur d’émissions sur l’élevage à la radio Ngatamaré de Ndioum, informe que «les pertes sont énormes, surtout en ce qui concerne le bétail. Un de nos proches a perdu tout son troupeau hier».
D’après lui, c’est le hameau de Alassane Ramata qui a subi plus de perte en matériel et vies humaines. Il enchaîne : «Le hameau de Alassane Ramata a été éprouvé par le feu de brousse, mais ce qui est triste, c’est la mort d’une femme avec son bébé, qu’elle portait sur son dos, et d’un garçon.»
Selon Mamadou Demba Bâ, Conseiller municipal à Doumga Lao, les blessés reçoivent des soins au Centre hospitalier régional de Ndioum. Mais, la situation est loin d’être rassurante pour certains. «L’un d’eux, très gravement brûlé, est depuis hier (mardi) aux soins intensifs avec l’équipe médicale qui s’affaire pour son évacuation à Dakar», raconte-t-il.
Le Préfet de Podor, les maires de Dodel et Doumga Lao et le Service des eaux et forêts, présents mardi sur les lieux, sont revenus hier pour évaluer l’ampleur des dégâts. S’ils exhortent ainsi les populations à la prudence, les lendemains ne seront pas faciles pour toutes ces populations qui doivent enterrer leurs morts dans la dignité.
Correspondant