Dans le département de Podor, la prise en charge des enseignants par les populations locales est un signe de l’hospitalité légendaire du Fouta. Le temps des examens, ils sont logés et nourris gratuitement.Par Demba NIANG 

– Cette année, les Ief de Podor et de Pété ont mobilisé pour l’examen du Cfee et l’entrée en sixième, 623 enseignants (345 enseignants pour l’Ief de Podor et 278 pour celle de Pété) pour le déroulement des épreuves dans les 56 centres du département. Avec la mobilisation d’autant de personnes, l’hébergement et la restauration deviennent un véritable casse-tête. Mais, ils peuvent compter sur l’appui des populations, qui mettent à contribution leurs ressortissants, fixent les apports de leur association et reçoivent un appui des municipalités.
C’est la preuve de l’hospitalité des Foutankés, qui hébergent les enseignants, qui ne déboursent aucun sous durant les différents examens. Au centre de l’école élémentaire Ndioum 1, le chef de ce centre, Boubacar Niang, ne se plaint pas : «Après le déjeuner, les membres de la commission restauration s’offusquaient des surveillants qui font la navette et même ils les suppliaient de rester au moins jusqu’après le dîner comme qu’ils ne veulent pas passer la nuit.» En écho, le superviseur des commissions et président du Comité de gestion de l’école, Amadou M. Diallo, explique le mode de financement : «L’ar­gent que nous dépensons pour la prise en charge de la commission vient des cotisations des parents d’élèves et des bonnes volontés qui, parfois sans être interpellées, envoient des dons en nature et en espèces.»
Dans un autre centre de l’Ief de Podor, Niandane, Oumar Diallo, qui le dirige, magnifie ce mécanisme de solidarité, qui permet aux enseignants de s’occuper du déroulement des examens sans se soucier des questions logistiques. Il dit : «Les populations nous ont donné une maison pour notre séjour et les collègues en service à Niandane accompagnent les populations pour vraiment s’occuper de nous.»
Dans l’Ief de Pété, itou. Les populations des villages abritant des centres rivalisent en offres d’hospitalité, dont les enseignants aiment discuter à l’approche des examens. Au plus grand centre Galoya, dirigé par Mamadou Lamine Diallo, ils ne se plaignent pas. «Depuis que nous sommes là il y a des personnes de Galoya qui sont à notre service et dès notre arrivée, nous avons trouvé des salles aménagées pour notre hébergement», révèle M. Diallo.
En écho, le premier adjoint au maire de Galoya, Mou­hamadou Ba Mbacké, enchaîne : «La municipalité dégage chaque année, une enveloppe pour soutenir les écoles de la commune durant les examens. Les sept centres de l’Ile-A-Morphil sont connus pour leur hospitalité envers les examinateurs.» A Cas-Cas, la coordinatrice des cuisinières, Fatimata Dieng, renchérit : «C’est le village qui réunit les moyens et notre groupe s’occupe de cuisiner et servir les enseignants qui sont nos hôtes. Les voix de femmes que vous entendez là-bas, ce sont elles qui s’occupent de l’hébergement car il y a un logement des enseignants dans l’école.»
Dans le département, la plupart des salles de classe ont été transformées en centres d’hébergement. Mais il y a des localités où les populations ont dédié une maison spéciale aux enseignants par souci de confort. Nouvellement créé, le centre Karawoyndou est resté dans les clous de la pratique hospitalière. Aliou Abdou­rahmane Dia, directeur de l’établissement, rappelle que les populations sont habituées à bien «traiter» les étran­gers. «Les notables du village ont impliqué les ressortissants qui ont mis la main à la poche, en plus de l’appui du maire de la commune de Bocké Dial­loubé à hauteur de 200 000 F. Les examinateurs sont mis dans le confort. Pour satisfaire la commission, le chef de village a commis son homme de confiance pour la coordination. C’est tout un village qui s’active pour un bon séjour des enseignants», magnifie M. Dia.
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