Dans les zones rizicoles de Podor, les riziculteurs familiaux bénéficiaires du Projet d’appui régional à l’initiative pour l’irrigation au Sahel (Pariis) ont rompu avec les canaux d’irrigation en terre exigeant des travaux d’entretien annuels importants et occasionnant des charges d’exploitation assez élevées. Dotés d’un système d’irrigation innovant, ces producteurs de riz, qui ne parvenaient pas à mettre en valeur 5 ha, réussissent aujourd’hui à en exploiter plus de dix, augmentant ainsi aussi bien leur productivité que leur rendement.Par Dialigué FAYE –

A Ndiayène Pendao, commune située dans le département de Podor, le Groupement d’intérêt économique Djokkere Endam du village de Kadione était jadis confronté à d’énormes difficultés dans l’exploitation de son Périmètre irrigué villageois (Piv). Les membres de ce Gie qui intervient principalement dans la production rizicole, dépensaient, selon son président Ousmane Sow, beaucoup d’argent pour réfectionner les canaux en terre. Car il y avait beaucoup d’infiltration d’eau, de fissuration des canaux, en plus du développement des herbes qui empêchaient l’eau de ruisseler. Par conséquent, ils parvenaient très difficilement à mettre en valeur 5 ha de riz.

Aujourd’hui, ce calvaire n’est qu’un vieux souvenir. Dans le cadre de la mise en œuvre du Projet d’appui régional à l’initiative pour l’irrigation au Sahel (Pariis), le Piv du Gie Djokkere Endam a été réhabilité. Il a été doté d’un système d’irrigation gravitaire. «Ils utilisent une motopompe pour pomper l’eau au niveau du cours d’eau Ngalenka, pour l’acheminer au niveau d’un canal principal, des canaux secondaires et tertiaires que le projet a réalisés, et à partir de là, les bénéficiaires irriguent leurs parcelles. Ils exploitent deux campagnes : en contre-saison chaude et en hivernage. Par contre, en contre-saison froide, ce qu’ils mettent en valeur, ce sont l’oignon et la tomate sur la période d’octobre à février.

Pour le riz, ils font de la double culture. Ils font maintenant partie des producteurs qui ont réussi la double culture en hivernage et en contre-saison chaude.

Par rapport au rendement, ils ont eu en hivernage, un rendement moyen de 5, 6 tonnes à l’ha, en contre-saison chaude, ils ont obtenu un rendement de 6, 5 tonnes à l’ha, avec des pics qui peuvent aller jusqu’à 8 tonnes à l’ha», explique Samba Wadjanga de la Société d’aménagement et d’exploitation du delta du fleuve Sénégal (Saed) à Podor.

Pour rappel, ces réalisations s’inscrivent dans le cadre de la composante B du Pariis, notamment le financement de solutions dans l’irrigation, exécutée en partenariat avec la Saed.

Le Piv du Gie a une superficie de 12 ha dont 10 aménageables.
Les villageois demandent ainsi aux responsables du projet de les aider à aménager les deux ha restants, mais également à les accompagner à une bonne piste de production. «Nous nous félicitons des réalisations du Pariis. Notre périmètre est aujourd’hui doté d’une solution d’irrigation innovante. Toutefois, l’accès aux parcelles pose problème pendant l’hivernage. Nous demandons aux partenaires de nous aider à aménager la piste. En hivernage, il est très difficile d’accéder aux parcelles. Nous exploitons le périmètre aussi bien en contre-saison chaude, en hivernage, qu’en contre-saison froide. Mais à chaque fois l’hivernage s’installe, la piste devient impraticable», souligne M. Sow.

A plus d’une centaine de km de là, se trouve Thilla Mbol, village situé dans l’arrondissement de Saldé. Cette collectivité territoriale fait également partie des zones cibles du Pariis. Là également, les habitants ont retrouvé le sourire. Ils sont en pleine campagne de contre-saison chaude sur un périmètre de plus 20 ha et attendent une hausse de leur production, grâce à la nouvelle technique d’irrigation. «Avec les canaux maçonnés que le projet a réalisés, nous allons non seulement augmenter nos productions, mais nos charges d’exploitation sont revues à la baisse. Avant l’arrivée du Pariis, j’utilisais 10 litres de gasoil pour irriguer mes parcelles. Aujourd’hui, je n’ai besoin que de 5 litres pour irriguer mes champs. Les pertes d’eau sont nettement minimisées. Les coûts d’entretien réduits. C’est une véritable révolution que nous sommes en train de vivre», s’est réjoui le chef de village de Thilla Mbol, Amadou Sow. Ainsi plaide-t-il pour que ce système d’irrigation innovant soit mis à l’échelle afin que tous les villages puissent en bénéficier.
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