Doumga Rindiao vit sous haute tension à cause d’une histoire de mosquée qui divise les habitants de ce village, situé dans le département de Matam. Malgré l’implication des guides religieux de la zone pour rapprocher les positions, la tension ne retombe pas. Elle a même été ravivée vendredi dernier, comme le confirme l’arrestation de 14 ressortissants du village, placés en garde à vue à la gendarmerie d’Ourossogui.
La tension monte à Doumga Rindiao, village situé dans le département de Matam. La volonté d’un imam de transformer sa mosquée en un grand lieu de prières du vendredi crée une vive polémique qui a été ravivée ce vendredi. Cela dure bientôt trois ans et toutes les négociations menées pour trouver une solution ont échoué. Ni les plus grands érudits de la zone, encore moins le gouverneur de Matam qui s’est déplacé dès le début de la crise n’ont réussi la prouesse de réunifier le village, divisé désormais en clans. Le pic a été atteint vendredi dernier avec l’arrestation de 14 jeunes du village qui sont en garde à vue à la gendarmerie d’Ourossogui lors de manifestations. Parmi eux, un habitant du village informe qu’il y a des mineurs. «Et beaucoup ont été embarqués pour avoir manifesté leur solidarité à leurs frères», dit-il, dépassé par la tournure des évènements.
14 jeunes en garde à vue à Ourossogui
Après une longue période d’accalmie, les hostilités ont repris ce vendredi. Ce jour, des jeunes se sont rendus à la mosquée pour ranger les tapis, enlever les haut-parleurs. Déterminés, ils ont même voulu empêcher la tenue de la ziarra annuelle qui s’est déroulée sous la surveillance des pandores qui ont quadrillé le village pour assurer la sécurité des fidèles. Le marabout Thierno Abdoulaye Athie a pourtant appelé à l’unité des fils de Doumga Rindiao lors de son prêche au lendemain de l’incident.
M. Athie, disciple du grand marabout d’Ourossogui Thierno Aliou Thiam, est l’imam de la mosquée controversée. Selon plusieurs sources, les populations ont été «choquées» par cette décision «unilatérale» du marabout. Alors qu’elles ont mis leurs moyens financiers pour ériger ce lieu de culte considéré comme le «patrimoine» de tout Doumga Rindiao.
Aujourd’hui, le marabout fait face à une opposition énergique d’une partie du village même si certains notables sont en phase avec lui. Finalement, les deux camps se regardent en chiens de faïence. Les soutiens du marabout sont même éconduits lors des cérémonies de mariage, baptême et décès. Il est arrivé même que la prière hebdomadaire des deux «rakkas» du vendredi soit effectuée sous la surveillance de la gendarmerie. Comme l’année dernière à la veille de la ziarra.
Il faut signaler qu’un comité de dialogue pour la recherche de la paix a été instauré pour essayer de trouver une solution à cet épineux problème qui divise le village. Les populations interpellent directement la plus haute autorité du pays «pendant qu’il est encore temps».
d.dem@lequotidien.sn