Cette année encore, le mois de Ramadan coïncide avec la trêve internationale du football, suscitant une nouvelle fois des débats sur le jeûne des joueurs musulmans de l’Equipe de France. Philippe Diallo, président de la Fédération française de football (Fff), a réaffirmé dans une interview au Figaro mercredi dernier, «le cadre de neutralité» nécessaire au bon fonctionnement des sélections nationales.

En d’autres termes, les joueurs ne jeûneraient pas lorsqu’ils sont avec les Bleus. Cette position, soutenue par la Fff, vise à garantir le respect du principe de neutralité, conformément à l’article 1 de la Fédération. Le successeur de Noël Le Graët à la tête de l’instance fait référence à la règle 50 de la Charte olympique, qui interdit toute manifestation politique, religieuse ou syndicale, ainsi que toute forme de prosélytisme ou d’incivilité.

Alors que la Fff cherche à encadrer la pratique du jeûne pendant les sélections, il est difficile de voir en quoi le fait de jeûner relève d’une «démonstration religieuse» ou d’un «discours religieux», comme le suggère Philippe Diallo. Les joueurs musulmans, en tant que sportifs de haut niveau, sont les mieux placés pour évaluer si le jeûne est compatible avec les exigences du football professionnel, y compris lors des compétitions internationales.

Malgré les arguments avancés par Philippe Diallo concernant la possibilité de décaler la pratique du jeûne en sélection nationale, de nombreux exemples montrent que le jeûne peut être concilié avec de bonnes performances sportives. Des joueurs comme N’Golo Kanté et Karim Benzema en France, ainsi que d’autres évoluant en Angleterre, ont réussi à maintenir leur niveau de jeu tout en observant le jeûne pendant le Ramadan.

Demba Ba a exprimé son point de vue sur cette situation inédite dans le football français. L’ancien international sénégalais a regretté cette décision sur son compte X : «Que tu leur refuses des facilités dans le style de vie qu’ils ont choisi, à la rigueur je peux l’entendre, mais là, non… tu veux leur interdire d’être musulman. Car qu’on le veuille ou non, c’est une partie de leur identité que l’on essaie d’effacer ! Vous êtes-vous déjà imaginé l’impact positif que les joueurs pourraient avoir dans leurs performances et vis-à-vis de leurs entraîneurs et supérieurs hiérarchiques, s’ils étaient accompagnés dans leurs démarches plutôt que d’être condamnés ? Le football a encore beaucoup de choses à apprendre dans le management humain, ma foi.»
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