Les conseils régionaux avec des conseils exécutifs élus aux suffrages pour administrer un pôle régional -parmi les huit- sont une innovation de taille pour le référentiel Sénégal 2050.
C’est à elle seule une rupture systémique  dans l’ordonnancement administratif de notre pays depuis 1960. C’est un début de réponse courageux face à la centralisation excessive du pouvoir qui inhibe toute volonté de déconcentration de l’organisation territoriale pour impulser le développement à la base, c’est-à-dire tout près des populations.
Les populations de Matam, Podor, Bakel sur les berges des fleuves et cours d’eau, victimes d’une montée soudaine, ne perçoivent aucune action concrète de président de Conseil régional ou maire de commune ou d’arrondissement. De l’Acte 2 à l’Acte 3 de la décentralisation, nos Etats ont transféré certaines prérogatives sans donner toutefois de ressources conséquentes aux nouvelles autorités du territoire pour leur permettre d’assumer effectivement leur fonction exécutive.
La communalisation intégrale -universelle pour d’aucuns-  que personne n’a expérimentée dans aucun pays autre que le nôtre,  a complètement oblitéré la hiérarchie et la cohérence territoriale : nous avons 560 communes pour seulement 5 villes viables, un émiettement du pouvoir local qui a fini de faire l’affaire d’un pouvoir central qui voyait dans l’Acte 3 de la décentralisation plus un moyen d’asseoir le pouvoir politique issu de l’alternance de 2012  qu’une administration proche des administrés.  Et pourtant, on était bien partis avec l’évaluation et le diagnostic exhaustif de l’Acte 2.
Aujourd’hui, Dakar, à lui seul, concentre plus de 48% de l’activité économique, et le littoral avec Dakar presque 75% des activités du secteur moderne dont le tertiaire. Une macrocéphalie héritée des indépendances.
L’ancrage de la démocratie à la base, la territorialisation des politiques, l’intercommunalité pour les synergies géographiques et un exécutif local ou de proximité appellent à refonder notre politique de décentralisation avec des pôles territoires bien délimités et mieux articulés, capables d’impulser le développement et de catalyser l’initiative à la base. Les pôles régionaux, dans leur mise en place prochaine, devront répondre à ces préoccupations. Il faut urgemment inverser la pyramide territoriale post-coloniale, dorénavant ce sera le bottom to top -ou de la base vers le sommet.
Moustapha DIAKHATE
Expert et Consultant Infrast.
Ex-Conseiller Spécial PM