La grande marche de Mboro à l’actif de la Plateforme citoyenne « Mboro Sos», organisée, samedi dernier, dans ladite commune, a été une occasion pour les populations de se scandaliser du dénuement profond dans lequel se trouve leur localité et d’interpeller l’Etat, sur les difficultés auxquelles elles sont confrontées.
En grand rassemblement samedi dernier, suivi d’une marche dans les rues de Mboro, la Plateforme citoyenne «Mboro Sos» exige que justice soit faite pour les victimes de l’accident du 23 février dernier : une explosion d’un entrepôt clandestin de gasoil qui avait fait 6 morts et un blessé. Selon son président Ndiaga Ndiaye, si «un service de sapeurs-pompiers et un hôpital avaient été érigés dans la zone, le bilan de l’accident n’aurait pas pu être aussi macabre». Mais, regrette-t-il : «Cette tragédie a aussi mis en exergue le rapport très compliqué que les populations ont avec les normes sécuritaires, de même que les autorités, qui, elles aussi, ont de sérieux problèmes pour protéger et prévenir les nombreuses installations irrégulières dont la station Shell en chantier à Diamaguène en est la dernière preuve.» Et, M. Ndiaye de déplorer qu’une «station d’essence puisse être érigée jusqu’aux abords de nos concessions mais également de l’attitude de l’équipe municipale qui aurait pu marquer sa désapprobation et/ou tout au moins recueillir l’avis de ses administrés».
Le président de la Plateforme citoyenne «Mboro Sos» ajoutera aussi : «Face aux risques réels d’incendies industriels, il convient aussi de doter notre commune d’une brigade de sapeurs-pompiers pour éventuellement faire face.» Surtout que, fera-t-il noter, «le service de sapeurs-pompiers le plus proche fait plus de 20 km (Tivaouane)». Que dire des infrastructures sanitaires absentes de la localité ? «Il est illusoire de se développer sans un hôpital de référence surtout dans une zone fortement marquée par la pollution émanant des entreprises chimiques et minières qui entourent la ville», dénonce Ndiaga Ndiaye qui, devant les populations rouges de colère, fustige l’exploitation minière par les Industries chimiques du Sénégal (Ics), qui pose selon lui, de réels problèmes environnementaux.
A ces problèmes s’ajoute l’exiguïté de l’espace communal de la localité. Ndiaga Ndiaye, explique : «Mboro devenue commune à la faveur du découpage administratif intervenu en 2002, nous vivons dans des conditions exécrables marquées par une exiguïté de notre espace, un épuisement des réserves foncières de la commune». Les populations demandent un nouveau découpage et déplorent «le rythme trop lent d’évolution du dossier (du découpage) de la commune de Mboro relatif à la réparation de cette injustice qu’elle subit depuis plusieurs années. Mboro s’étouffe, étouffe et s’essouffle. Il convient alors de procéder dans les meilleurs délais, à un nouveau découpage affectant à Mboro une superficie à la hauteur de son poids démographique». «Ce découpage urgent que nous demandons à l’Etat doit nécessairement intégrer les localités de Touba Ndiaye, Khondio et Benau afin de permettre à notre commune un débouché maritime lui redonnant un bol d’air», précise-t-on.
Quant à l’emploi, il connaît, selon les populations, un grand bond en arrière. «Il y a un taux élevé du chômage et cela malgré la présence d’entreprises les plus prestigieuses du pays voire de la sous-région». Et d’exiger, «la prise en charge correcte du volet de la formation et du recrutement des jeunes de la zone».
S’agissant de l’éclairage public, Ndiaga Ndiaye perd presque son latin, «Mboro sombre dans une pénombre inqualifiable. Ce qui doit vite être corrigé dès lors que l’autoroute à péage tout comme la future route côtière nous rapprocherait davantage de Dakar. Ce qui, naturellement, poserait de sérieux problèmes de sécurité dans une commune sans service de police.» Entre autres doléances, on peut noter : le problème d’accès à l’eau potable des populations du fait d’un réseautage incomplet, l’absence d’unités de stockage et de conservation de produits agricoles adéquats pour une zone largement connue pour ses productions maraichères conséquentes mais également d’un marché moderne. Les populations fustigent aussi l’arrêt des travaux du Centre socio-culturel en chantier depuis plus de deux ans et demandent l’érection d’une salle de spectacles et de studios d’enregistrement.
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