Le directeur du Centre islamique moderne Cheikh Abdoulaye Ba (Cimcab) de Mbour, ex-commerçant prospère, a un parcours atypique. Abdoulaye Mohammad Wagué a renoncé à tout pour ouvrir une école coranique moderne à Mbour.
Il y a des hommes qui ne renoncent devant rien. Quand ils décident de réaliser une chose, ils foncent directement et contournent les obstacles pour atteindre leurs objectifs. Abdoulaye Mohammad Wagué fait partie de cette catégorie d’hommes dont la volonté est inoxydable. Il a fermé son magasin de commerce et s’est lancé dans un projet de construction d’un daara. A l’époque, certains le «prenaient pour un fou», se remémore-t-il. Mais pour concrétiser son rêve, il a fermé ses yeux, bouché ses oreilles pour enfin y arriver aujourd’hui. C’est un homme heureux et apaisé qui contemple l’œuvre qu’il a réussi à construire. Ancien commerçant, spécialisé dans l’import-export, teint noir, taille moyenne, barbe bien entretenue comme le recommande la religion musulmane, oustaz Wagué a bourlingué un peu partout, notamment au Congo, en France et aux Etats-Unis. Alors, pour avoir une idée sur son attachement à la religion du prophète Mohamed (Psl), il faut remonter le temps. «J’aime trop l’arabe depuis mon enfance», révèle-t-il.
Né à Bokidiawé dans la région de Matam, après avoir décroché son Certificat de fin d’études élémentaires (Cfee), Abdoulaye abandonne l’école française. L’option prise par les parents est d’inscrire leur fils dans une école arabe. C’est ainsi qu’il rejoindra le Mali, abandonnant parents, amis, pour une nouvelle expérience. Avec l’encadrement reçu dès le bas-âge, guidé par son grand-père, Fodé Alpha Wagué, le jeune Abdoulaye décroche son Bfem. Avec la «bénédiction divine» et l’appui de ses parents, il atterrit en Egypte pour passer son Baccalauréat. Orienté ensuite à l’Université Al-Azhar du Caire, il s’inscrit à la Faculté de droit et de théologie islamique. Après ce parcours, comme tous les jeunes de son âge, il se lance à l’aventure. A Pointe-Noire, il fait du commerce. A la recherche d’un mieux-être et d’un avenir radieux, il part provoquer la chance en France et aux Etats-Unis. «De 2000 à 2002, j’étais en France. Je travaillais et enseignais en même temps. De 2004 à 2009, je faisais du commerce au Sénégal. De 2010 à 2011, j’étais aux Etats-Unis et j’enseignais aussi», résume-t-il ainsi sa vie.
Revenant sur sa nouvelle aventure, le directeur du Centre islamique moderne Cheikh Abdoulaye Ba (Cimcab) a donné les raisons qui l’ont poussé à tourner le dos au commerce. Il dit : «Parce que je vois que le peu de savoir que j’ai, il faut le mettre en pratique dans le cadre du chemin de Dieu.» Par ailleurs, le maître coranique a indiqué que le chemin n’a pas été un long fleuve tranquille. «Les débuts n’ont pas été faciles. Même jusqu’à présent, ce n’est pas facile. Lorsque je démarrais, c’est tout un risque que j’ai pris. Parce que j’ai mis tout mon capital dans le projet. Et j’ai dit Dieu est grand. Jusqu’à présent, ce n’est pas facile. Mais il faut beaucoup compter sur Dieu.» Sur le choix de Mbour pour abriter son daara, il précise : «Non seulement Dakar est encombrée et pour bien éduquer un enfant, il faut aussi être loin de la capitale. Ça c’est une idéologie. Il faut sortir de Dakar, trouver un endroit très calme.» Comme il a bourlingué, il a multiplié les expériences et diversifié ses connaissances. Ce bourlingueur parle non seulement l’arabe, mais aussi le français et l’anglais. En plus de ces langues, ce polyglotte comprend le wolof, le pulaar, le bambara, le soninké. Deux dates resteront à jamais gravées dans sa mémoire. Il s’agit du jour de la disparition de sa femme, décédée en donnant la vie, et la mort de celui qu’il appelle «Le baobab emblématique de Soninkara», en l’occurrence Pr Adama Dramé.