L’Angleterre a perdu sa Reine. Le sourire mesuré et la célèbre main gantée de Elizabeth II restent figés dans le temps. La Reine d’Angleterre était l’une des figures les plus connues du monde, c’était la personne la plus célébrée en Angleterre, c’est surtout une vie passée au service de son Peuple.Par Abdou Rahib KA – 

«Je déclare devant vous tous que ma vie entière, qu’elle soit longue ou courte, sera consacrée à votre service et au service de notre grande famille impériale, à laquelle nous appartenons tous.» C’étaient déjà ses mots en 1947. Deux ans avant, en 1945, elle était déjà au service de l’Armée britannique en tant que mécanicienne. Elizabeth II, c’est aussi plus d’une centaine de pays parcourus -avec la casquette diplomatique et dans le secret des salons feutrés- pour les intérêts de la Couronne, avant que poids de l’âge et l’insistance des médecins ne la contraignent à un rythme plus mesuré et à des apparitions publiques plus rares.
Célébrée avec faste et  respectée, la Reine d’Angleterre jouissait d’une popularité qui est quasiment restée intacte jusqu’à cette nuit tragique du 31 août 1997, où la voiture de Lady Diana finit sa course folle sous le tunnel de l’Alma. Le mutisme de la Reine d’Angleterre et les drapeaux restés flottants alors que le Peuple anglais pleure sa  «Lady Di» font polémique. Une sortie quelques jours après et tout est pardonné.
Elizabeth Alexandra Mary Windsor accède au trône à l’âge de 25 ans. Son  intronisation sera retransmise en direct et retranscrite en 44 langues. 25 ans, pas très grande, mais les épaules assez sûres et larges pour assumer le legs et incarner l’espoir, l’unité et la voix tutélaire pour l’ensemble des Britanniques. Bien plus tard, on la verra s’adresser à ses compatriotes à travers des canaux plus modernes comme Twitter ou Instagram.
Une mise impeccable, colorée suivant les circonstances et assortie jusqu’au bout du blanc des cheveux, le verbe rare et circonstancié, Elizabeth II a été une souveraine qui a su traverser les époques et leurs vicissitudes sans trop vaciller. Si elle dépeint l’année 1992 comme une «année dont elle ne se souviendra pas avec plaisir», du fait des turbulences dans les ménages de ses enfants et de l’incendie du château de Windsor, de l’avis des plus proches, le décès en 2021 de son époux, le prince Philip, avec qui elle a partagé plus de 73 ans de sa vie, se révélera le moment le plus dur pour la Reine.
Au plus fort du Covid-19, Elizabeth II rassurait ses compatriotes en ces termes : «Nous devrions être rassurés que même si nous avons encore plus à endurer, des jours meilleurs reviendront ; nous serons à nouveau avec nos amis, nous serons à nouveau avec nos familles, nous nous reverrons.» Aujourd’hui, l’Angleterre doit à nouveau faire face à d’autres crises, des défis d’ordres climatique et économique et ce sera sans sa Reine. Parmi ses dernières images, figure  sa poignée de main avec Liz Truss, nouvellement nommée Première ministre britannique qui, plus jeune, menaçait d’abolir la monarchie. Une fin de règne. Un début d’exercice du pouvoir ! Une Liz pour une Elizabeth ?