PORTRAIT – Quadruple champion d’Afrique de beach soccer : Al Seyni Ndiaye, l’homme aux «quatre galons»

Ayant évolué lorsqu’il pratiquait le foot à onze sous l’ombre de l’ancien gardien international de l’Us Ouakam, Pape Latyr Ndiaye, Al Seyni Ndiaye étale ses talents sur les plages d’Afrique. Présent à toutes les campagnes des Lions du beach soccer, le capitaine des «Lions de la plage» est récemment revenu du Nigeria avec un quatrième titre continental. Avec, cerise sur le gâteau, un autre titre de meilleur gardien du tournoi. Zoom sur celui qui incarne la régularité du beach soccer sénégalais au niveau continental et qui va participer à son 4e Mondial cette année.
Le poste de gardien de but lui va comme ses gants. Très autoritaire dans sa surface de réparation, il symbolise l’adage selon lequel derrière chaque grande équipe on retrouve un grand gardien. Pour l’Equipe nationale de beach soccer, ce gardien se nomme Al Seyni Ndiaye. Un véritable dinosaure. Si l’on se fie à sa longue présence dans les buts sénégalais.
Pourtant, le capitaine des Lions de la plage n’est pas si vieux que ça. On lui donnerait plus que son âge en liant son statut de «doyen» de la Tanière à son long compagnonnage avec l’Equipe nationale de beach soccer. Elu meilleur gardien de but pour la quatrième fois de son histoire, Al Seyni vient à peine de fêter ses 26 ans samedi dernier. Plus précisément le 31 décembre 2016, dernier jour de l’année. Une année qui lui a souri à l’arrivée avec au bout ce titre de champion d’Afrique.
«Les félicitations du président de la République m’ont touché»
Célébrant son anniversaire en famille, loin des mondanités, le jeune portier dit avoir apprécié que dans son discours à la Nation, le président de la République Macky Sall ait adressé ses félicitations aux Lions du beach soccer après leur sacre continental. «Cela m’est allé droit au cœur d’entendre le chef de l’Etat ouvrir son discours à la Nation du 31 décembre en nous adressant ses félicitations. C’est une première, et cela prouve que le chef de l’Etat a de la considération pour le beach soccer», a-t-il apprécié à sa juste valeur. Et selon lui, cela augure des lendemains meilleurs pour les champions d’Afrique qui espèrent être «reçus au Palais par le Président Sall» afin d’être récompensés à la hauteur de leur exploit. Al Seyni Ndiaye ayant sûrement gardé en mémoire leur victoire en Coupe d’Afrique en 2008 où le chef de l’Etat d’alors les avait snobés.
4e participation à une Coupe du monde
Le dernier rempart des Lions, dont l’idylle avec la sélection nationale a débuté en 2007 au moment où le beach soccer connaissait ses premiers balbutiements au Sénégal, a intégré la sélection nationale à 17 ans. Al Seyni Ndiaye a capitalisé une somme d’expérience qu’il tire de son statut de joueur le plus capé de la sélection après la retraite de l’ancien capitaine de l’équipe, Ngalla Sylla, reconverti sélectionneur national.
Celui qui est désigné nouveau capitaine des Lions s’apprête à vivre cette année sa quatrième Coupe du monde au Bahamas. Echouant aux portes des quarts de finale du Mondial 2011 en Italie avant d’être éliminé au premier tour lors de l’édition 2015 au Portugal, Al Seyni Ndiaye espère faire mieux que lors des précédentes éditions en atteignant au moins le dernier carré.
«Le président de la Fédération est convaincu qu’on peut gagner la Coupe du monde»
Convaincu de la qualité de l’équipe, le meilleur gardien de la Can 2016 estime que «le Sénégal a les moyens de remporter cette Coupe du monde». «C’est en tout cas la conviction du président de la Fédération, Me Augustin Senghor. Et nous en sommes conscients», a-t-il soutenu.
Ayant perdu deux matchs lors du Mondial 2015 ayant occasionné l’élimination du Sénégal au premier tour, ils avaient tout de même réussi à battre (6-5) le pays organisateur, le Portugal.
Malgré une telle performance, Al Seyni Ndiaye était loin de s’emballer. «Quand le match se termine, je ne me souviens d’aucun de mes arrêts», avait-il affirmé sur le site de la Fifa. «En beach soccer, tout paraît beaucoup plus spectaculaire, y compris les arrêts. En tant que gardien, il faut être concentré en permanence. Vous n’avez aucun temps de réflexion. Dès que j’ai touché un ballon, je m’attends à en recevoir un autre. Il est impossible d’analyser quoi que ce soit. Après le match, je suis incapable de vous dire si j’ai été bon ou pas, mais il ne faut pas m’en demander plus sur mes arrêts, car je les ai tout simplement oubliés.» Paroles d’un gardien de métier.
Jouant le relais entre l’entraîneur et ses coéquipiers, le jeune portier s’est bien acquitté de cette tâche lors de la Can au Nigeria en s’améliorant dans ses interventions. «Al Seyni Ndiaye s’est beaucoup amélioré dans ses relances. Il est devenu beaucoup plus présent dans sa surface de réparation. Il a beaucoup aidé sa défense à se repositionner durant tout le tournoi», témoigne son entraîneur, Ngalla Sylla, revenu du Nigeria avec son premier titre en tant que coach.
«Le discours du ministre des Sports nous a dopés»
Ayant été de toutes les campagnes des Lions de la plage, Al Seyni Ndiaye, qui pratiquait le foot à onze sous l’ombre de l’ancien gardien international de l’Uso, Pape Latyr Ndiaye, a survolé le tournoi de Lagos, ce qui lui a valu d’être désigné meilleur gardien d’Afrique pour la 4e fois.
Une distinction accueillie avec un goût particulier par l’ancien gardien de l’Uso. En ce sens que lui et ses coéquipiers ont trouvé une certaine motivation en écoutant le discours du ministre des Sports servi lors de la cérémonie de remise du drapeau national. «En nous remettant le drapeau national, le ministre des Sports, Matar Bâ, nous a dit que le président de la République, Macky Sall, et le Peuple sénégalais attendent de nous qu’on ramène le titre continental. Ce discours nous a motivés et gonflés à bloc pour donner le meilleur de nous-mêmes, ce qui nous a valu cette victoire finale. Remportant du coup le pari qu’on s’était fixé qui était de reconquérir le trophée continental perdu contre le Madagascar», a t-il soutenu.
Le soutien constant de Cheikhou Kouyaté
Très touché par la solidarité dont on a fait montre le capitaine de l’Equipe nationale des Lions du foot, Cheikhou Kouyaté, à l’égard des Lions du beach soccer, Al Seyni Ndiaye dit avoir reçu à chaque fois un message de soutien du sociétaire de West Ham. «Je n’ai pas eu de cesse à chaque fois de recevoir des messages de Cheikhou Kouyaté priant pour que nous remportions le trophée. C’est quelqu’un de bien. J’ai reçu son message nous félicitant après notre sacre continental. Je prie en retour pour qu’il soit le premier capitaine du Sénégal à remporter la Coupe d’Afrique des nations que les Lions se préparent à disputer au Gabon.»
A noter que jeune portier était à deux doigts de parapher un contrat professionnel avec l’équipe de beach soccer de Barcelone. Mais finalement, l’affaire a capoté, regrette-t-il. La faute aux dirigeants du club lébou qui avaient retardé son départ au Mondialito au Brésil pour lequel ledit club l’avait sollicité lors de cette compétition. Ce retard accusé pour rejoindre le lieu de compétition lui avait coûté ce contrat avec le club de Lionel Messi.
Une dent contre les dirigeants de l’Us Ouakam
Du coup, Al Seyni Ndiaye garde toujours un souvenir amer en revenant sur cet épisode douloureux de sa carrière. «Les dirigeants de l’Uso m’ont bloqué pendant deux semaines avant de rejoindre le Mondialito (Mondial des clubs) qui se tenait au Brésil en 2012», a expliqué le dernier rempart des Lions de la plage. «Les responsables de mon club n’ont pas voulu que j’y prenne part. Et c’est contre leur volonté que je me suis rendu à la compétition», a ajouté le jeune portier. Et ce dernier de souligner que les dirigeants du club Catalan n’ont pas du tout apprécié le retard accusé pour disputer le Mondilito. Poussant ces derniers à avoir des appréhensions à négocier avec les responsables ouakamois pour un contrat professionnel. Malgré cela, Al Seyni Ndiaye a pu disputer la compétition avec le club jusqu’en demi-finale. A l’arrivée, n’ayant certainement pas apprécié la part belle qu’il accorde au beach soccer, les dirigeants de l’Uso n’ont pas voulu lui renouveler son contrat arrivé à terme en 2013, a-t-il laissé entendre. «On me taxe d’être un gardien de beach soccer», a déploré le meilleur gardien africain. Qui révèle avoir rencontré lors du Mondialito l’ancien portier brésilien, Dida, qui lui a offert une paire de gants qu’il dit avoir gardé toujours avec lui. D’ailleurs, il précise être toujours en contact avec l’ancien portier milanais dans le but de décrocher un contrat dans le foot à onze. Justement, Al Seyni devrait se rendre prochainement en Belgique pour y effectuer des tests au sein d’un club de deuxième division. Debout sur son 1m 90, le capitaine des Lions du beach soccer, qui a fait toute sa carrière sportive à l’Uso, fut aussi international cadet de 2004 à 2006 du temps où Aliou Kandji dirigeait la sélection.