La cérémonie d’hier a donné l’occasion aux deux chefs d’Etat de rappeler à quel point cet ouvrage est attendu par les peuples des deux côtés du fleuve, ainsi que le rôle primordial qu’il va jouer pour relier le Nord et le Sud de l’Afrique

La traversée de la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie par le bac ne sera bientôt qu’un vieux souvenir. Le président de la République Macky Sall et son homologue de la Mauritanie, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, ont procédé hier mardi, à Rosso Mauritanie, à la pose de la première pierre de la construction du pont de Rosso. L’infras­tructure, qui enjambera le fleuve Sénégal pour relier les deux pays  sur une distance de 1,4 km, sera construite par la société chinoise Poly Changda pour un coût de 80 millions d’euros, soit 60 milliards de francs Cfa. Elle va, selon  les deux chefs d’Etats, «faciliter les déplacements des populations et de leurs biens et booster les échanges économiques et commerciaux historiques entre les deux pays».
Hier, les deux chefs d’Etat ont lancé le compte à rebours des travaux avec la pose de la première pierre du pont, en présence des ministres sénégalais des Infrastructures, et de la Pêche, ainsi que de Moha­medou Ould M’Haïmid, ministre de l’Equipement et des transports de la Mauri­tanie, du président du Conseil régional du Trarza, des maires des communes des deux Rosso, et celui de Richard-Toll, ainsi que des représentants des partenaires financiers, notamment Solo­mon Kaymor, vice-président de la Banque africaine de développement pour le Sénégal, Irène Mingasson, ambassadrice de l’Union européenne au Séné­gal, et Ramon Ynaraja, représentant de la Banque européenne d’investissement.

Un outil de renforcement des échanges économiques et commerciaux entre les deux pays 
Pour le Président Gazhiuani de la Mauritanie, «ces dernières années, la croissance rapide des transports sur cet important axe, reliant l’Eu­rope, le Maghreb arabe et l’Afrique subsaharienne, a rendu urgente et nécessaire la construction d’infrastructures qui soient à la hauteur de l’intensification des échanges et des grandes ambitions communes de croissance et de développement durable qu’ont les deux nations».
«Le pont de Rosso s’étendra sur 1,5 km à peu près, avec une largeur d’à peu près 15 m et 8 km de routes d’accès. Il rendra plus fluides et renforcera considérablement les échanges économiques et commerciaux entre nos deux pays», a fait savoir M. Ghazouani avant d’expliquer que c’est d’ailleurs dans cette perspective que s’inscrit la convention en matière de transport routier signée récemment à Nouakchott avec la partie Sénégalaise et dont l’opérationnalisation rapide permettra de supprimer la pratique de rupture de charges à la frontière.
Dans la même foulée, le Président Macky Sall a souligné que le pont de Rosso va porter très haut le niveau de coopération entre les deux pays. «Le pont de Rosso est un ouvrage stratégique de franchissement du fleuve et de fluidité de la navigation, un puissant trait d’union entre les deux peuples et un maillon essentiel du corridor transafricain qui va revitaliser le commerce historique transfrontalier». Il a dans ce sens indiqué la volonté commune de supprimer les ruptures de charge qui entravent la circulation des personnes et de leurs biens. A cet effet, des postes de contrôle seront implantés pour harmoniser les procédures douanières et limiter les contrôles. «Nous allons définir un mode de gestion d’exploitation viable pour assurer l’entretien de cette infrastructure qui est un patrimoine commun qui nous unifie et nous fortifie», a martelé Macky Sall.

Un ouvrage de 60 milliards de Cfa
Le pont de Rosso sera financé dans toutes ses composantes à hauteur de 87,63 millions d’euros, soit environ 60 milliards de francs Cfa, dont 40,75 millions d’euros de la Bad, 22,30 millions d’euros de la Banque européenne d’Investis­sement (Bei), un don de l’Union européenne à hauteur de 20 millions d’euros et des contributions de 3,50 millions d’euros de la Mauritanie et 1,04 million d’euros du Sénégal
En plus de l’ouvrage lui-même, le projet comprend également trois autres contrats relatifs à l’étude et la conception des postes de contrôle aux frontières, la sensibilisation des habitants de la zone du projet sur la prévention des maladies infectieuses, la protection de l’environnement, la sécurité routière et le suivi et évaluation de l’impact social et économique du projet.
Il comporte aussi des volets annexes comprenant également la réhabilitation de 10 km de voirie urbaine dans la partie mauritanienne de Rosso, l’extension et la modernisation de son réseau d’eau potable, la réalisation de 65 km de routes en terre compactée dans la partie sénégalaise, et la réalisation de plusieurs bâtiments des deux côtés. Le projet comprend également la réalisation de plusieurs études importantes visant à développer et moderniser la zone du projet.
Le pont de Rosso, qui sera livré dans 30 mois, va non seulement faciliter le transport et le développement des échanges commerciaux, mais va également permettre une réduction conséquente de la durée du trajet, et constituera une passerelle stratégique et économique entre la Mauritanie et le Sénégal et un trait d’union entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne.
Par Cheikh NDIONGUE(Correspondant) – cndiongue@lequotidien.sn