Les dernières manifestations pour une criminalisation de l’homosexualité n’ont pas laissé indifférente l’Eglise catholique. Celle-ci a réitéré son rejet de l’homosexualité et exprimé sa position sur les dernières émeutes de mars et les litiges fonciers, lors d’un point de presse tenu hier au Cap des Biches.Par Alioune Badara NDIAYE(Correspondant ) –

La question de l’homosexualité dont la criminalisation est soulevée ces temps-ci par des organisations fait réagir le clergé catholique. En effet, les évêques ont réitéré, par la voix de l’archevêque de Dakar Monseigneur Ben­jamin Ndiaye, «leur déclaration de Thiès, en novembre 2019, pour rejeter l’homosexualité et la pédophilie». Ces propos ont été tenus ce vendredi, lors du très attendu point de presse marquant la fin de la deuxième session ordinaire de l’année pastorale au Cap des Biches. Un moment pour l’Eglise de passer au peigne fin l’actualité et de prodiguer des recommandations et prières pour un Sénégal de paix et de concorde. Aussi, le traditionnel pèlerinage marial de Poponguine en berne depuis l’année dernière à cause du Covid-19, l’Eglise catholique a-t-elle tenu à célébrer celui de cette année au niveau des communautés paroissiales «dans le strict respect des mesures barrières».
Interrogé après la lecture du communiqué final sanctionnant la session ordinaire (25 au 28 mai), l’archevêque d’argumenter : «La position de l’Eglise sur l’homosexualité se base sur la révélation. Si vous lisez la Bible, à l’origine Dieu créa l’homme et la femme et leur dit : ‘’Soyez féconds, remplissez la terre.’’ C’est cela l’ordre qui a été créé, c’est à cela que nous obéissons, c’est comme cela que la vie a été organisée par le Créateur.»
Se penchant sur les manifestions ayant secoué le pays, les évêques ont, après avoir présenté leurs condoléances aux familles éplorées, appelé à la culture de la paix, tout en exhortant les hommes politiques à mettre en avant les intérêts des populations. Une démarche à observer aussi sur le foncier. «En référence à leur appel d’alors (lors des manifestations, Ndlr), ils insistent auprès des jeunes, des acteurs sociaux et politiques, des détenteurs des différents pouvoirs et de tous les citoyens sur la promotion d’une culture de la paix et sur le rejet de la violence sous toutes ses formes», ont insisté les évêques dans le communiqué. «Aux hommes politiques tout particulièrement, ils demandent de ne pas se servir des populations pour arriver à leurs fins ou pour satisfaire leurs intérêts. Le même principe vaut pour la question foncière», ont-ils fait comprendre.
La vie des séminaires, éprouvée par la baisse croissante des ressources venant de l’étranger, a été à l’ordre du jour pour les évêques. Les deux principales ressources viennent de Rome et des bienfaiteurs. «Ces aides sont en train de finir progressivement, nous invitant à une auto-prise en charge. Et il va falloir nous retrouver pour avoir des ressources afin d’assurer la formation de séminaristes qui dure 5 ans. Le budget, chaque année, est évalué à 1 million 500 mille à 1 million 750 mille francs», a expliqué monseigneur Benjamin Ndiaye. «Nous allons réfléchir avec les communautés pour voir comment mobiliser les fidèles, soit par des contributions ou l’organisation d’événements, mais en tout cas ce qui est important c’est la prise de conscience», a-t-il soulevé en perspective.
Au chapitre de la formation, la Province ecclésiastique de Dakar espère l’ouverture de l’Université de Coubalan (Ziguinchor), entrant dans le cadre d’un projet régional piloté par la Conférence épiscopale régionale de l’Afrique de l’Ouest. «Les travaux ont commencé, mais avec quelques difficultés rencontrées qui retardent la mise en œuvre du projet. Nous avons l’espoir que d’ici un an nous pourrons ouvrir cette université», a expliqué l’archevêque de Dakar. Les évêques ont aussi ouvert une fenêtre sur l’international, en lançant un appel à la solidarité pour l’accès au vaccin contre la pandémie de Covid-19. «Ils en appellent à la solidarité nationale pour susciter la fraternité et l’espérance qui sont les véritables remèdes pour la pandémie, comme le préconise le pape François», ont-ils assuré, prodiguant dans la lancée des prières pour le retour de la paix au Proche-Orient.
abndiaye@lequotidien.sn