Le Sénégal présente un bilan médiocre dans la mise en œuvre des initiatives de sevrage. C’est l’avis des membres de la Ligue sénégalaise de lutte contre le tabac (Listab), qui s’exprimaient à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le tabac.Par Justin GOMIS
– A chaque chose malheur est bon. A l’heure où le monde entier souffre de la pandémie du Covid-19, les membres de la Listab (Ligue sénégalaise de lutte contre le tabac) trouvent une opportunité de faire passer le message de l’Oms sur la lutte contre le tabac. Selon un communiqué rendu public, le Sénégal a un bilan médiocre dans la mise en œuvre des initiatives de sevrage. «A l’heure où les compagnies de tabac investissent massivement dans des stratégies et des technologies visant à initier les jeunes à leurs produits. Nos autorités développent un laxisme notoire par rapport à la mise en œuvre de la loi», déplorent le Secrétaire exécutif de la Listab, Djibril Wellé, et ses camarades de lutte dans un communiqué. D’après eux, «malgré la volonté politique notée et affichée et proclamée partout, la Société civile note avec une grande inquiétude, que certains textes règlementaires, qui doivent régir et renforcer les dispositions juridiques et complémentaires de la loi sénégalaise contre le tabac, manquent d’être concrétisés sans qu’aucune autorité ne puisse en donner les raisons véritables, réelles ou profondes».
Il en veut pour preuve le décret portant application de la loi N°2014-14 du 28 mars 2014 relative aux modalités, conditions de retrait et de délivrance de l’autorisation d’ouverture et de fermeture d’un débit de tabac. Selon le Secrétaire exécutif de la Listab qui a signé le communiqué, ce décret attend depuis plus de 2 ans dans le circuit administratif du Secrétariat général du gouvernement pour être présenté au chef de l’Etat pour adoption. «L’arrêté conjoint signé par les ministres de la Santé et du Commerce depuis plus d’un an attend toujours d’être numéroté pour son effectivité. Les comités régionaux et départementaux installés depuis 2015 dans toutes les régions sont inopérants par manque de ressources. Le Programme national de lutte contre le tabac mis en place depuis 2015 ne fonctionne pas, parce qu’il n’est pas suffisamment doté de moyens. L’absence de formation des forces de défense et de sécurité pour la mise en œuvre de l’interdiction de fumer dans les lieux publics, plusieurs établissements qui reçoivent du public violant cette disposition de la loi sans qu’une sanction ne leur soit infligée», écrivent ces acteurs de la lutte contre le tabac en listant les impairs.
D’après le communiqué de la Listab, «des études montrent qu’une augmentation des taxes de 225 francs Cfa par paquet de cigarettes (permettrait de générer d’importantes recettes avoisinant 18 milliards de francs qui pourraient contribuer de manière substantielle à financer à la fois le secteur de la santé mais aussi la lutte anti-tabac, d’appuyer des programmes tels que les urgences sanitaires comme le Covid-19 ou d’autres programmes comme la Couverture maladie universelle (Cmu), les Maladies non transmissibles (Mnt) tout en faisant baisser la prévalence du tabagisme de 11%», indiquent les membres de la Listab qui trouvent là une belle occasion, avec la Journée mondiale sans tabac, pour appeler les acteurs à plus de responsabilité dans la lutte contre le tabac. A leur avis, elle «ne se limite pas seulement à tenir l’industrie en échec et à la faire payer pour les dommages qu’elle cause, mais aussi à faire en sorte que les quelques 20% de la population mondiale qui utilisent actuellement leur produit obtiennent l’aide dont ils ont besoin pour renoncer au tabac».
D’après eux, un centre de sevrage tabagique sera lancé très prochainement par la Listab pour un accompagnement permanent des fumeurs. Les acteurs pensent que «les recherches disponibles suggèrent que les fumeurs courent un risque plus élevé de développer une maladie grave et de mourir du Covid-19». Et pour l’Oms, «s’engager à arrêter de fumer en ce moment permet non seulement de garantir la bonne santé et le bien-être de la population, mais aussi de réduire considérablement les énormes charges économiques et sociales que les gouvernements subissent actuellement en raison de la pandémie», indique le document de la Liostab.
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