Possibilité pour Macky de se présenter : Débat d’universitaires

Réélu triomphalement en 2019, Macky avait prêté serment pour honorer son second et dernier mandat. Il l’a dit. Il l’a écrit. Quelques mois après sa réélection, le débat sur son éventuelle candidature atterrit de façon inattendue sur la place publique. Et ce sont les juristes qui ont posé cette hypothèse. «Juridiquement, c’est possible», fait savoir le Professeur de droit constitutionnel, Babacar Guèye. Pourquoi ? «Quelque chose a été oublié lorsqu’on a rédigé la Constitution. On a dû oublier de prévoir des dispositions transitoires qu’il fallait ajouter pour prévoir que le mandat en cours, celui de 2012-2019 du Président Macky Sall, fait partie du décompte des deux mandats que le Président peut avoir. Le mandat en cours, si nous appliquons la Constitution à la lettre, on peut considérer qu’il ne fait pas partie du décompte. Ce qui fait que le Président Sall, en 2024, peut briguer un mandat comme l’avait fait le Président Wade», avait exposé Pr Guèye. Il s’était néanmoins empressé de préciser que cette «anomalie» par une «révision constitutionnelle peut être opérée pour définitivement clore le débat».
Macky Sall et le serment du Fleuve
Invité des «Marches du Quotidien» le 23 mai 2019, Jacques Mariel Nzouankeu, ancien professeur de droit public à l’Ucad, avait «validé» une troisième candidature du Président Macky Sall. Vu la Constitution, est-ce que le Président Sall peut être candidat en 2024 ? Il répondit : «C’est une question personnelle. Je crois qu’il a déjà répondu qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat. La question juridique est celle-ci : si le Président Sall sollicite un nouveau mandat en 2014, sa candidature sera-t-elle recevable ? Normalement, cette question n’a plus d’intérêt puisqu’il a dit qu’il ne sollicitera pas un nouveau mandat. Ce débat n’a donc plus de raison d’être. Evoquer cette question, ce n’est pas pour rouvrir ce débat, mais juste pour rappeler ce que le droit avait décidé sur la question. Le Oui du référendum du 20 mars 2016 signifiait que le mandat de 7 ans obtenu par le Président Sall en 2012 ne sera pas ramené à 5 ans comme il l’avait demandé au Conseil constitutionnel, mais aussi que ce septennat ne fait pas partie des deux mandats consécutifs qui peuvent désormais être brigués par tout candidat à l’élection présidentielle. Le premier cycle de deux mandats consécutifs de 5 ans commence donc à la fin du septennat du Président Sall, c’est-à-dire en 2019. Le Président Sall vient donc d’obtenir son premier mandat. Juridiquement, s’il pose sa candidature en 2024, ce sera pour un second et dernier mandat de ce cycle. Sa candidature sera recevable. Voilà le droit. Mais encore une fois, le Président a déclaré à maintes reprises que cette éventualité ne se présenterait pas.»
L’opposition s’en mêle
Barthélemy Dias avait aussi admis que le Président Sall réélu le 24 février dernier pour un second mandat, pourrait se représenter une 3ème fois : «Sur le plan juridique, le Président Macky Sall peut prétendre à un troisième mandat. Je prends à témoin le professeur Nzouankeu et le professeur Babacar Guèye qui l’ont confirmé. Le problème ne serait plus un problème juridique mais un problème politique. Et sur le plan politique, ce serait inacceptable. 15 fils du Sénégal avaient perdu la vie en 2012 pour ce problème de mandat.» Comme lui, d’autres leaders politiques comme Sonko avaient affiché cette possibilité.
Sory Kaba, Moustapha Diakhaté, Moussa Diop : Les «victimes» du troisième mandat
A l’époque, ces positions prématurées avaient passablement agacé le chef de l’Etat. «Le nombre de mandats n’a pas été modifié, pourquoi engager une discussion sur un débat de 2024 ? C’est un débat qui n’a pas lieu d’être, parce que je suis dans la logique de ne pas dépasser deux mandats. Ce débat ne doit pas nous faire perdre du temps», avait-il asséné. Pr Ismaïla Madior Fall, théoricien des réformes «consolidantes», avait aussi clos le débat. Avant de rajouter une expression dans son raisonnement : «en principe», c’est le dernier mandat de Macky Sall…
Troisième mandat : Les mots-clés d’une polémique
Analyste politique en son temps, Yoro Dia avait rajouté pour éteindre la polémique : «Nul ne peut faire plus de deux mandats. C’est du français.» Pour les deux derniers, les réalités de la fonction les ont entre-temps rattrapés, car ils ont été au cœur du pouvoir présidentiel.