Entre le directeur général de la Poste et ses employés, ce n’est plus le parfait amour. En conférence de presse vendredi, les employés ont dénoncé avec véhémence la gestion «gabégique» de l’institution.

L’Amicale des diplômés des écoles des postes (Adep) est montée au créneau pour exiger que la lumière soit faite sur le déficit de 180 milliards, occasionné par le directeur Ciré Dia qui, selon eux, a hérité d’un matelas de  68 milliards. Face à ce montant qui ne cesse de s’accroître depuis 2012, période à laquelle M. Dia a été nommé à la tête de l’institution,  l’Adep juge opportune la nécessité de s’interroger sur la destination de ces fonds qu’elle estime qu’ils n’ont  servi ni à des investissements à forte valeur ajoutée pour la Poste ni à créer un épanouissement des travailleurs par une quelconque forme de rémunération.
En foi de quoi «Ciré Dia, dans sa gouvernance, a fait montre d’une mauvaise gestion», ont conclu les travailleurs qui en ont appelé à la responsabilité de l’Etat qui a trop laissé faire.
Pis, les postiers se disent sidérés de l’attitude de leur patron qui, au lieu de s’attaquer aux nombreuses difficultés qui plombent le secteur, s’adonne à des licenciements abusifs. C’est  le cas du président de leur amicale, Abdou Ndiaye, relevé de ses fonctions pour avoir participé à une conférence publique dont le thème portait sur la «Struc­tu­ra­tion de la Poste, ses enjeux et perspectives».
Selon leur porte-parole, Massar Thioune, l’Adep ne cèdera pas à l’intimidation et poursuivra, quoi qu’il arrive, son plan d’actions. Et ils ne sont pas les premiers et les derniers à alerter sur la gestion de la Poste. «Comment pouvons-nous rester silencieux pendant que le Fmi a publiquement recommandé à l’Etat du Sénégal, face à ces difficultés, de prendre des mesures fortes de restructuration ?», s’interrogent-ils.
Pour montrer leur soutien à leur collègue, les travailleurs de la Poste ont réaffirmé et assumé sans exception la paternité des propos de leur président sur la dette de la Poste envers le Trésor public.
Entre autres points sombres de la gestion de la Poste, ils ont relevé les recrutements abusifs, sans besoin réel ni concours. L’Amicale des diplômés des écoles de la Poste invite la communauté nationale et internationale à s’impliquer dans la gestion de leur entreprise, car la Poste est  en train d’être sacrifiée pour des intérêts personnels et vachement politiques.
Se joignant à leur  lutte, le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs des postes et télécommunications, Ibra­hima Sarr, va de son côté inviter tous les Sénégalais, épris de justice et d’équité, à intervenir afin de sauver la Poste qui est et restera une fierté nationale dans son rôle de cohérence territoriale et de cohésion nationale.
bseck@lequotidien.sn