Le coordonnateur du Bureau sous-régional de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) pour l’Afrique de l’Ouest et représentant de la Fao au Sénégal sollicite «l’appui des partenaires financiers, afin d’accompagner le gouvernement du Sénégal à la prise en charge de la gestion durable des sols, piliers du développement socio-économique du pays».
Dr Gouantoueu Robert Guei intervenait lundi, lors d’un webinaire marquant la célébration de la Journée mondiale des sols dont le thème de cette année est «Maintenons les sols vivants, protégeons la biodiversité des sols». Il renouvelle ainsi, l’engagement de la Fao à soutenir le Sénégal dans ses efforts en matière de gestion rationnelle des sols.
Rappelant une évaluation mondiale exhaustive de la dégradation et de la restauration des sols, publiée par la Plateforme intergouvernementale de la science politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (Ipbes), Dr Guei relève que «les sols sont actuellement dans un état critique, engendrant de graves conséquences pour la biodiversité, le changement climatique et la stabilité de nos sociétés».

45% de l’Afrique touchés par la désertification
La dégradation totale des terres, souligne-t-il, «affecte quel­que 1,9 milliard d’hectares de terres dans le monde et environ 24 milliards de tonnes de sols fertiles disparaissent chaque année. Ce qui est énorme. La variabilité climatique avec des extrêmes de précipitation et de sécheresse ont aussi une incidence néfaste sur la santé et la qualité des sols».
Pourtant, indique le représentant de la Fao au Sénégal, «plus de 70% des habitants des terres arides tirent leurs moyens d’existence des ressources naturelles et en particulier les sols». Alors qu’actuellement, «40% des sols africains sont dégradés par l’érosion, la salinisation, le compactage, l’acidification, la pollution chimique et l’épuisement des macro et micro nutriments, y compris la baisse de la matière organique.
L’Afrique est le continent le plus exposé, avec environ 45% du continent qui sont touchés par la désertification, dont 55% courent un risque entre élevé et très élevé de dégradation supplémentaire».
Les zones arides, précise-t-il, «sont particulièrement plus touchées par la dégradation des terres qui se manifeste par la désertification, avec un stress hydrique accentué par le changement climatique. La dégradation se manifeste aussi par la perte accrue de la fertilité qui menace la sécurité alimentaire et nutritionnelle et les moyens d’existence des populations agro-pastorales de la région. Il est estimé que 52% des terres utilisées pour l’agriculture sont modérément ou sévèrement affectés par la dégradation des sols et 10% gravement dégradés.
La dégradation des sols est aussi accentuée par les pratiques culturales humaines inadaptées dont la déforestation à la recherche de nouvelles terres à emblaver et la recherche du bois à usage domestique. Ceci constitue un cercle vicieux qui demande à être brisé pour pouvoir relancer une agriculture rentable, durable et soucieuse de l’environnement».

Mettre en place des politiques appropriées…
Face à tous ces problèmes et défis, Dr Guei juge nécessaire «de mettre en place des politiques appropriées, des programmes, des stratégies et des actions efficientes et pratiques à la portée des agro-éleveurs. Il faut aussi investir massivement et efficacement dans la recherche et développement pour trouver des instruments techniques et innovations technologiques efficients, efficaces et accessibles aux utilisateurs et qui sont capables d’améliorer la santé et la fertilité des sols et aptes à booster la production agro-sylvo-pastorale tout en préservant l’environnement.
Des études ont montré que le coût global de la réhabilitation des sols dégradés est de loin supérieur au coût de la gestion rationnelle des sols, avec des politiques bien pensées et des programmes et stratégies d’ap­point».