Les plateformes «Aar sunu élection», Fc25, regroupant les candidats à la Présidentielle, le F24 et la Société civile ont uni leurs forces pour se retrouver autour d’un front de résistance «Fiipu». Créé hier, au cours d’une rencontre aux Résidences Mamoune, ce front se propose d’être un cadre pour maintenir la pression afin que l’élection présidentielle se tienne avant le 2 avril. «Nous avons mis en place aujourd’hui un front de résistance, «Fiipu», pour défendre l’Etat de Droit, la République. Il nous faut appliquer la décision du Conseil constitutionnel du 15 février 2024. Cette décision dit clairement qu’il faut organiser l’élection présidentielle avant le 2 avril. C’est notre position.  C’est cette position qui a été défendue ici et je rappelais : «A partir du 2 avril, minuit, le Président Macky Sall, son mandat est terminé. Il cesse d’être président de la République.» Voilà ce que nous avons décidé ici de manière très claire. Nous avons décidé de nous engager dans ce combat, qui va prendre la forme d’une déclaration, d’un point de presse, de manifestations, de rassemblements, de marches dans la diaspora, pour mobiliser le Peuple sénégalais afin de défendre la République, l’Etat de Droit», a dit Mamadou Lamine Diallo, candidat à la Présidentielle, pour définir les contours du plan d’actions du front.

La création du front de résistance «Fiipu» fait suite aux deux jours de dialogue organisé par le Président Macky Sall, avec au bout du compte une proposition de cette rencontre d’organiser l’élection présidentielle le 2 juin prochain. Ce qui ne rencontre pas l’adhésion des membres de ce front qui s’offusquent contre le fait que les citoyens sénégalais soient privés de vote le 25 février dernier après le décret du Président Macky Sall annulant la convocation du collège électoral.
«Demain (aujourd’hui), il y aura une déclaration pour mieux parler de notre plan d’actions. On va vers un grand rassemblement que nous comptons faire, des marches partout au Sénégal et dans la diaspora, pour sauver notre démocratie. Le Sénégal n’appartient pas à Macky Sall. Nous lui avons donné la possibilité d’avoir deux mandats, qu’il parte pour nous laisser avec notre pays», soutient M. Diallo.

Dr Abdourahmane Diouf, candidat recalé, estime que le président de la République «cherche à retarder l’échéance» pour, dit-il, «prolonger son bail avec le pouvoir». «Je lisais le communiqué du Conseil des ministres où le Président Macky Sall dit qu’il attend le rapport du dialogue, de son fameux dialogue. Et que s’il entre en possession du rapport, il attendra jusqu’à lundi. Ça veut qu’il cherche à gagner du temps pour organiser l’élection. Une fois qu’il aura reçu le rapport, il le transmettra au Conseil constitutionnel», analyse Dr Diouf. Et ce dernier d’inviter le Conseil constitutionnel «à prendre ses responsabilités».
«Je rappelle aux Sénégalais que ce que le Président Macky Sall va demander au Conseil constitutionnel, après avoir organisé son dialogue, nous l’avions demandé au Conseil constitutionnel il y a deux semaines de cela. Et le Conseil constitutionnel a répondu à cette demande. Parce qu’on demandé au Conseil Constitutionnel : «Est-ce qu’on peut organiser l’élection le 15 décembre ?» Le Conseil constitutionnel a servi deux réponses, en disant que l’élection doit être organisée avant le 2 avril et, ensuite, dit que c’est le 2 avril que le mandat du Président Macky Sall prendra fin. Tout ce que dialogue décide, ce sont les mêmes questions que Macky Sall va poser au Conseil constitutionnel. Espérons que le Conseil constitutionnel va lui servir la réponse qui sied», soutient Mamadou Lamine Diallo. «Il (Macky Sall) est dans des calculs politiques. S’il dit qu’il est pressé de quitter le pouvoir, qu’il sache que nous sommes plus pressés que lui, que nous ne lui avons pas demandé de rester encore. Ce qu’on lui demande, c’est qu’il quitte le pouvoir le 2 avril prochain. Si le fait de dire qu’il est pressé de quitter le pouvoir est sincère en lui, qu’il ne reste pas là jusqu’au 2 juin pour dire qu’il va assurer la transition. Si le Sénégal devrait faire la transition, ce n’est pas avec Macky Sall qu’on la fera. Parce que ce qu’on lui avait confié arrive à son terme», indique Dr Diouf.
Par Amadou MBODJI – ambodji@lequotidien.sn