L’accès au crédit pour financer leurs activités agricoles est l’une des difficultés majeures que rencontrent les petits producteurs du département de Vélingara. Consciente de cette réalité, l’entreprise Agrisen international a cherché à mettre en relation ses producteurs avec la Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal (Cncas). Samedi dernier, des agents de cette structure bancaire basée dans la capitale régionale, Kolda, se sont rendus à Vélingara à la rencontre des partenaires d’Agrisen internationale et ont accepté de leur ouvrir gratuitement des comptes individuels.
Amadou Diaby, Président directeur général (Pdg) d’Agrisen international, a précisé les raisons de la démarche : «Nous travaillons avec des partenaires ayant un faible pouvoir d’achat et qui peinent à trouver de l’argent pour financer leur campagne agricole. C’est pourquoi nous avons démarché la Cncas pour en faciliter l’accès. Au total, 160 producteurs ont gratuitement ouvert des comptes individuels. La banque s’engage à financer toutes les étapes de la campagne. Du labour à la récolte, en passant par l’acquisition des intrants.» Pour le mode opératoire, Amadou Diaby a révélé : «Le producteur n’empochera aucune somme d’argent. C’est plutôt le fournisseur qui va retirer des chèques selon les besoins exprimés par les producteurs. Aucun producteur ne pourra faire retirer de l’argent pour une activité qui n’est pas techniquement validée par les animateurs d’Agrisen en termes d’opportunités.» En clair, après avoir financé les travaux de préparation des sols, la Cncas peut autoriser la libération de fonds pour l’acquisition des semences et puis des fertilisants ou herbicides. Une manière, selon M. Diaby, d’éviter les détournements d’objectifs ou de vente des intrants. «C’est aussi la meilleure façon de garantir la rentabilité de l’activité, donc du prêt», conclut-il.
760 ha d’emblavures projetés
Agrisen et ses partenaires ont l’ambition d’emblaver 760 ha pour la campagne agricole qui s’annonce. Avec ses 160 producteurs, Agrisen a l’intention de cultiver 300 ha de riz, 200 de maïs et 160 de niébé. Et puis en phase d’essai, elle va cultiver 50 ha de sésame et 50 autres de patate douce.
Pour l’encadrement de tout ce monde, l’entreprise a recruté 10 animateurs formés en agronomie qui sont dotés en motos et qui doivent suivre chacun 25 producteurs. Ces derniers, après avoir remboursé le prêt en nature, la société leur trouve un marché pour écouler tout ou partie de leurs productions.
Toutefois, elle est confrontée à une grosse difficulté liée au manque de matériel agricole lourd. «Nous louons les services de prestataires qui répondent à nos sollicitations selon leur disponibilité. La saison dernière, nous avons par ce fait perdu une bonne partie de notre production de riz, faute de pouvoir le récolter à temps. Les épis de riz ont séché et finalement sont consumés par le feu ou broutés par les animaux», s’est désolé M. Diaby.
Amadou Diaby est un entrepreneur d’une quarantaine d’années, qui a préféré cultiver les champs de ses parents plutôt que de rester en Amérique où il continue de séjourner à l’occasion. Il s’est donné la mission de participer à garantir la sécurité alimentaire dans la région de Kolda et à lutter contre l’émigration irrégulière.
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