Le 19 avril 2018, la loi sur le parrainage, destinée à nous épargner ces candidatures fantaisistes à l’élection présidentielle, a été votée par la majorité à l’Assemblée nationale, en l’absence des députés de l’opposition et des non-inscrits et sans les débats auxquels ces derniers tenaient. A cette date, nos compatriotes refusèrent carrément d’être manipulés, d’autant plus que beaucoup d’entre eux ne voient aucun inconvénient à ce que les autorités prennent les dispositions nécessaires pour rationaliser l’espace politique dans le pays. Alors, nous ne revécûmes pas une journée aussi mouvementée que ce fameux 23 juin 2011, ou un déferlement humain, quasi impressionnant, à la Place Soweto. Il n’y eut point ces manifestations-là, organisées en grande partie par des mouvements citoyens à cette période. Lesquelles avaient réussi à faire reculer le précédent régime, car le pays avait failli «basculer». Nous ne nous rappelâmes pas non plus ces émeutes-là, celles qu’avaient provoquées les coupures de courant intempestives, de jour comme de nuit, que tous nos concitoyens ne pouvaient plus supporter.
Maintenant, il est heureux que ces délestages intempestifs ne hantent pas notre sommeil. Et nous serons encore rassurés, si l’exploitation de notre pétrole et de notre gaz nous ouvrent grandement et rapidement les portes de l’essor, ou d’un mieux-être, ressenti à bien des égards par nous tous. C’est pourquoi je déclare, volontiers, qu’il est dommage que l’opposition significative trouve toujours un faux-fuyant, ou un subterfuge, pour ne pas répondre à l’appel du président de la République. Franchement, je ne peux pas nier que la concertation, annoncée par le maître du jeu dans un contexte de tension dans l’arène politique, est une opportunité que doit saisir l’opposition significative afin de tenter de convaincre les Sénégalais, tellement exigeants, par sa capacité à jouer véritablement son rôle, à constituer effectivement un contre-pouvoir. A cet effet, elle nous ferait tirer profit de ses propositions, tant attendues, sur l’exploitation et l’utilisation de nos ressources énergétiques, d’un sursaut patriotique au bout du compte.
Je suis persuadé que, dès qu’un dialogue de ce genre, sous-tendu au départ par une volonté commune de préserver l’unité nationale et de défendre l’intérêt général, est organisé sous nos cieux, nos acteurs politiques baliseront facilement la voie pour un accord absolument conciliant, comme nous l’enseignait feu Léopold S. Senghor. En termes clairs, je veux mettre en exergue la recherche d’un consensus qui, d’abord, amortira la brutalité du choc des ambitions légitimes de nos principaux leaders politiques, ou de ceux qui se soucient au moins de nous présenter un projet de société. Je considère toujours que faire de la politique est, en sus d’un choix personnel, un engagement qu’il convient a priori de magnifier.
Quand on fait de la politique, on acquiert en principe l’avantage de se mettre exclusivement au service de la communauté, en portant en bandoulière des idées fécondes que l’on est censé avoir, en plus de la générosité dans l’action, du désintéressement et de l’aversion pour la démagogie.
Ce point de vue sur la politique et l’engagement citoyen que je revendique depuis belle lurette m’amènent à insister outre mesure sur ce dernier appel du président de la République. J’augure que la présence de l’opposition significative à la concertation en question, l’élégance politique et la perspective de parvenir à une décrispation dans l’arène politique permettraient, opportunément, à celle-ci de penser au moyen de formuler par la suite certains griefs, à savoir ses récriminations du moment.
En tout état de cause, le Peuple, dont l’immense majorité ne fait pas de la politique, est toujours là et il sera à l’écoute dès que la concertation sur notre pétrole et notre gaz, une nécessité pour notre commun vouloir de vivre en paix et, même, pour la vitalité de notre démocratie, aura lieu dans notre cher Sénégal.
Badiallo dit Boucounta BA
Formateur de professeurs et d’inspecteurs de l’Enseignement moyen/ secondaire
Ancien Chef du Département de Langues Romanes à la
Fastef/Ucad