Ousmane Sonko et Cie menacent d’empêcher la tenue des élections législatives tant que leur liste nationale titulaire n’est pas validée. Hier à la Place de la Nation, ils ont réclamé la démission du ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, comme organisateur des joutes du 31 juillet prochain.Par Aliou DIALLO

– «Il n’y aura pas d’élections législatives sans la liste nationale titulaire de Yewwi askan wi.» C’est la mise en garde émise hier par l’inter coalition Yewwi-Wallu lors de son rassemblement à la Place de la Nation, à Colobane. Une véritable démonstration de force. «S’il plaît à Dieu, Yewwi prendra part aux Législatives et notre tête de liste, Ousmane Sonko, sera à l’Assemblée nationale par la force», a affirmé Barthélemy Dias devant une foule déchaînée. Cris et applaudissements se mêlaient à la ferveur des militants et sympathisants qui ont occupé l’ex-Place de l’Obélisque depuis les premières heures de l’après-midi.
Drapeaux aux couleurs nationales en l’air, pancartes en main, les manifestants déversaient leur colère sur le régime en place. «Aar sunu démocratie. Force restera au Peuple souverain», «non au 3ème mandat», lisait-on sur les pancartes. D’autres messages étaient visibles : «Ecole à terre, plus de 6000 abris provisoires», «65 000 emplois, un gâteau partagé», «non à la cherté des denrées alimentaires».
En face d’eux, les responsables sur l’estrade se succèdent au micro. Tête d’une liste nationale rejetée, Ousmane Sonko, ragaillardi par le soutien du public, se défoule sur le président de la République. «Le Sénégal est en danger, le seul danger, c’est Macky Sall. Tant qu’il est à la tête du pays, il n’y aura pas de paix, il n’y aura pas de stabilité», déclare le leader du parti Pastef. Selon lui, le bilan du Président Macky Sall se résume au recul des libertés publiques, et l’embastillement d’opposants politiques.
D’après lui toujours, le plan du pouvoir est de vouloir faire condamner Barthélemy Dias avec sursis pour lui retirer la mairie de Dakar. Mais prévient-il, «Macky Sall va perdre le Palais le jour où il tentera un tel scenario». Les alliés du Président Sall en ont eu aussi pour leur grade. «Moustapha Niasse, toute sa vie, il a sucé le sang du Peuple. Idrissa Seck, un zombie politique, Aminata Mbengue Ndiaye et Niasse ont passé toute leur vie à vivre sur le dos des Sénégalais. Ils ne représentent aucun espoir pour le pays», ajoute Ousmane Sonko sous les cris d’approbation de la foule acquise à sa cause. M. Sonko a exhorté les militants et sympathisants à être derrière l’union Yewwi-Wallu.
La réponse n’a pas tardé mais négativement. Woré Sarr du Parti démocratie sénégalais (Pds), qui a prononcé le nom de Karim Wade, a été copieusement huée. Ousmane Sonko viendra à son secours. Il chuchote quelques mots à l’oreille de la responsable libérale, sans doute pour l’encourager. Woré Sarr change de disque. Elle oriente ses tirs envers le régime en place. Les leaders passent à tour de rôle. «Macky Sall ne connaît que le rapport de force. A partir de maintenant, on exige la démission de Antoine Diome (Ndlr : ministre de l’Intérieur). On exige de Macky Sall qu’il amène une personne responsable, équitable pour organiser ces élections. Antoine Diome à lui tout seul est un symbole vivant de l’instabilité qui peut régner au Sénégal», dira pour sa part Barthélemy Dias. Ce dernier annonce que cette requête, qui est une exigence, et les autres demandes seront réglées dans la rue.
Moussa Tine, qui demande une réforme du Conseil constitutionnel, a appelé à la démission de ses membres. Pour le poste d’organisateur des élections, il est pour la nomination d’une personnalité neutre. La manifestation s’est tenue sans incident majeur en présence des leaders Khalifa Ababacar Sall, Mamadou Lamine Diallo, Aïda Mbodji, Habib Sy, Dame Mbodji entre autres. Les frustrés de la coalition Yewwi comme Dr Babacar Diop, maire de Thiès, étaient absents. La police elle, était présente avec un impressionnant dispositif de dissuasion, du côté de la caserne Samba Diéry Diallo de Colobane.