Pour lever le voile sur le massacre : Pr Mamadou Diouf appelle la «France à une collaboration franche et entière»
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Président du Comité pour la commémoration du 80ème anniversaire du massacre des Tirailleurs sénégalais, Pr Mamadou Diouf a, lors de la cérémonie officielle tenue hier au Camp de Thiaroye, appelé à une collaboration franche et entière de la France pour la manifestation de la vérité sur cette tragédie. «Les circonstances, l’intensité des opérations répressives, le nombre de morts demeurent incertains ; certaines archives administratives et militaires sont inaccessibles, falsifiées, disparues ou incohérentes. Lever le voile sur le massacre contre les manœuvres de dissimulation de la vérité est, aujourd’hui, un impératif catégorique. Nous en appelons à une collaboration franche et entière de la France», a-t-il sollicité. Poursuivant ses propos, Pr Diouf note que «prendre l’initiative relativement à la production du récit portant sur ce moment de notre histoire, c’est retourner l’évènement à l’Afrique, en effaçant la territorialisation coloniale et en autorisant une mise en scène mémorielle commandée par les Africains, hors des champs d’honneur français». En conséquence, souligne-t-il, «il est indispensable de briser le silence et d’afficher fortement notre regard, nos commentaires et imaginations créatrices sur l’évènement». Selon lui, «Thiaroye est pour nous, Sénégalais, l’occasion, aussi dramatique que majestueuse, d’accorder aux victimes du massacre le statut de «morts pour l’Afrique» et pour l’esprit panafricain». «L’histoire est narrée à partir de l’Afrique par Léopold Sédar Senghor dans le poème Tyaroye (1944) et par Keïta Fodéba (1948) dans son ballet-poème, Aube Africaine. Les poèmes sont des vues africaines qui témoignent, selon le premier Président sénégalais, de «l’Afrique éternelle, du monde à venir… du monde nouveau qui sera demain». C’est précisément ce monde à venir, de l’unité, de la prospérité, de la démocratie et de la diversité que nous voulons célébrer et réaliser, ensemble. Une mémoire que nous devons continuer à éprouver pour notre histoire à venir», a-t-il lancé.
Pr Mamadou Diouf a salué l’initiative prise par les nouvelles autorités pour la commémoration de ce pan important de l’histoire de l’Afrique. Il déclare : «Oui, avec le régime du nouveau Président du Sénégal Bassirou Diomaye Faye, sous la houlette du Comité pour la commémoration mis en place par le Premier ministre Ousmane Sonko, c’est bien une rupture avec les régimes précédents qui est amorcée sur le massacre de Thiaroye. Les régimes qui se sont succédé ont gardé un silence coupable et complice sur le «carnage» et «la tuerie» de Thiaroye. Je reprends ici encore les qualificatifs de Lamine Guèye.» Pour lui, c’est «une vaste entreprise ; une entreprise difficile mais combien passionnante dont l’animation nécessitera des opérations permanentes, susceptibles de participer au travail historique et mémoriel pour produire des récits, des leçons civiques, culturelles et artistiques au service des communautés panafricaines». Et de conclure : «Une histoire partagée qui nourrit une pédagogie pour édifier les fondations de l’intégration africaine.»