Alors que la pandémie de Covid-19, les conflits et les crises liées au climat font augmenter les taux de faim aiguë, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) recherche 1,1 milliard de dollars américains en 2021 pour sauver les vies et les moyens d’existence de populations qui sont parmi les plus touchées par l’insécurité alimentaire. L’organisation onusienne précise dans un communiqué qu’elle veut aider cette année «plus de 48,9 millions de personnes dont la survie et les moyens d’existence sont tributaires de l’agriculture, au moyen d’interventions qui visent à stimuler la production alimentaire locale et à améliorer la nutrition, tout en renforçant la résilience des communautés face aux crises et leurs capacités à s’y préparer et à les gérer, et en apportant une aide destinée à renforcer les moyens d’existence après les catastrophes et qui consiste à aider les populations à redémarrer leurs activités de production».
Selon les données les plus récentes de la Fao, issues de nombreux pays ayant enregistré de nouvelles données sur l’insécurité alimentaire, note le document, «le nombre total de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë en 2020, au niveau de crise ou pire, devrait dépasser le niveau le plus élevé atteint en 2019, qui était de 135 millions de personnes».
«Les crises de l’année dernière auront des répercussions pendant toute l’année 2021 et au-delà. Nous devons donc de toute urgence intensifier les interventions afin d’éviter le pire», a déclaré M. Dominique Burgeon, directeur de la Division des urgences et de la résilience de la Fao, cité dans le document.
Le nombre de personnes qui sont dans la phase 4 du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (soit le niveau d’urgence en matière de faim aiguë) est estimé à 30 millions. Ce qui, d’après la Fao, «est extrêmement préoccupant. Ces populations sont déjà touchées par une mortalité extrême et la perte irréversible de moyens d’existence vitaux».
Dans plusieurs pays, renseigne l’Organisation, «des centaines de milliers de filles, de garçons, de femmes et d’hommes courent un risque extrême de basculer dans l’insécurité alimentaire aiguë. Nombre de ces personnes vivent dans des zones de conflit, où l’accès humanitaire est limité ou compliqué».
Et à en croire M. Burgeon, «des millions de personnes sont au bord du précipice : un simple stress ou choc pourrait détériorer rapidement leur situation. Que la famine ait été déclarée ou non, nous devons agir maintenant».
L’agriculture, rappelle-t-on, «est cruciale, car près de quatre personnes sur cinq qui vivent dans les zones rurales dépendent d’une forme d’agriculture pour subvenir à leurs besoins vitaux. Les manifestations les plus graves de faim aiguë restent un phénomène largement rural et il faut donc commencer par les zones rurales et mener des actions collectives à grande échelle visant à sauver les moyens d’existence et les vies pour éviter les famines».