Les sévices commis sur des enfants dans les daaras sont injustifiables, quelles que soient les raisons. Et Thierno Bocoum estime que pour mettre fin à ces pratiques, il ne faut pas imposer des lois, mais adopter une démarche inclusive à travers la sensibilisation et la prévention.

Les pratiques inhumaines exercées sur d’innocents enfants sont inconcevables. C’est l’avis de Thierno Bocoum qui estime toutefois que l’Etat, pour mettre fin à ces pratiques, doit être plus flexible dans l’approche. Dans un document, l’ancien député soutient que «les règles selon lesquelles ‘’Dura lex, sed lex’’ (dure est la loi, mais c’est la loi) ou encore ‘’Nul n’est censé ignorer la loi’’ peuvent prospérer dans des pays où la loi est l’émanation de la volonté populaire, le résultat d’un processus totalement inclusif». Mais dans nos pays, explique-t-il, «où une bonne partie de la loi est le fruit du mimétisme juridique, une importation parfois aveugle sans tenir compte de nos réalités, il faut une approche différente». D’après le leader du mouvement Alliance générationnelle pour les intérêts de la République (Agir), «la sensibilisation et la prévention constituent une étape incontournable en ce qui concerne certaines questions sensibles traitées d’une manière traditionnelle dans certaines communautés». Poursuivant ses explications, Thierno Bocoum précise qu’il ne «s’agit pas d’être faible ou verser dans de la compromission, mais bien de jeter les bases d’une mise à niveau». Il parle même d’une «sorte de moratoire devant permettre une application complète et comprise des dispositions de la loi».
Pour gérer cette question des talibés, M. Bocoum pense qu’il ne s’agit pas seulement d’appliquer les lois. D’après lui, gérer «c’est anticiper, prévenir, faire adhérer au projet commun, tenir compte des sensibilités et travailler autour de règles communes et consensuelles». Il rappelle que «nous sommes dans un pays composé d’une écrasante majorité de croyants». Et sous ce rapport, il est convaincu que «nous devons assumer totalement cette identité propre et la protéger». Ce qui, à son avis, revient à «veiller à garantir aux populations la protection de leur croyance religieuse et leur enseignement». Au-delà de l’indignation et de la condamnation de ces pratiques, l’ancien député soutient qu’il faut «encadrer et soutenir ce domaine qui fait partie des socles de notre identité».
Analysant la situation par rapport à notre société, M. Bocoum trouve que l’Etat ne peut avoir les réflexes du colonisa­teur consistant «à imposer des règles sans développer une pédagogie spécifique à la nature de notre Nation». L’ancien député recommande alors une démarche inclusive «pour mieux renforcer et solidifier une Na­tion fortement fragilisée par le communautarisme et le repli identitaire». Deux choses, souligne-t-il, qui «font que les lois et règlements sont souvent, par ignorance ou par révolte, relégués au second plan pour faire perdurer des pratiques propres à une communauté ou à un groupe».
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