Pour l’Apr, les propos de Moustapha Cissé Lô sont «empreints d’une indécence que récusent la morale et la bienséance sociale». Le député a été par conséquent exclu du parti au pouvoir par la commission de discipline. Il y a 12 ans, il avait été sanctionné par un autre parti, le Pds.

Il s’est longtemps cru intouchable dans l’entourage de Macky Sall. «L’Apr c’est moi.» Ainsi se bombait le torse Moustapha Cissé Lô. Il lui faudra désormais une autre Apr parce que le divorce entre lui et le parti présidentiel a été acté hier à travers un communiqué de la commission de discipline du parti de Macky Sall. Après les insultes à Yakham Mbaye et Farba Ngom, l’Apr a «définitivement» exclu de ses rangs l’ancien 1er vice-président de l’Assemblée nationale. La commission de discipline estime que les propos de Cissé Lô sont «empreints d’une indécence que récusent la morale et la bienséance sociale» et «heurtent la conscience des populations». Abdoulaye Badji, Oumar Guèye, Abdou Mbow, Awa Guèye, Abdoulaye Daouda Diallo, Abdourahmane Ndiaye et Benoît Sambou, tous présents selon le communiqué, constatent la propension de l’ex-camarade du parti à s’épancher dans les médias par des «propos injurieux ou calomnieux». La commission de discipline de l’Apr motive sa décision par les articles 3, 4, 14, 19, et 20 des statuts du parti et les articles 25 et 26 de son Règlement intérieur.
Moustapha Cissé Lô quitte ainsi l’Apr comme l’autre Moustapha (Diakhaté) en janvier dernier. L’ancien président du groupe parlementaire Benno bokk yaakaar a été déchu des rangs du parti pour, entre autres, avoir clairement dit que le président de la République en est à son dernier mandat. Moustapha Cissé Lô multipliait les défiances à l’Apr et à son chef. Jusqu’ici, l’homme impérieux à la voix rauque s’en était sorti sans sanction. Ses attaques contre Farba Ngom et à Yakham Mbaye lui auront été fatales. Ce parti qu’il a tant chéri, aimé et revendiqué se débarrasse aujourd’hui de lui. Un parti qu’il a fondé avec Macky Sall dans les années de braise. En 2008, lorsque Macky Sall subissait la machine du Pds déterminée à le déchoir du Perchoir de l’Assemblée nationale, les députés Moustapha Cissé Lô et Mbaye Ndiaye affichaient leur soutien au futur opposant à Abdoulaye Wade.

Maire de Dakar ?
Moustapha Cissé Lô, lui, va démissionner du groupe parlementaire libéral. Il sera plus tard destitué, comme Mbaye Ndiaye, de son poste de député. Une première dans l’histoire du Sénégal. Sur le plan politique, les excès de Cissé Lô lui ont fait mordre la poussière dans son ancien fief à Mbacké. Sa fortune qu’il rappelle ostensiblement, son pistolet brandi au cours d’une rencontre d’un Conseil régional de Diourbel (d’où son sobriquet El Pistolero), ses attaques ad hominem ont fait de lui un homme politique controversé. Un ange pour ses partisans qui adorent son franc-parler et un démon pour ses détracteurs qui le taxent de «tête brûlée». Polémiste à souhait, le natif de Louga est le symbole de l’arrogance, de l’insulte facile et du déballage. Camarades de parti, opposants, marabouts, journalistes… Cissé Lô n’épargne personne dans son tableau de chasse. Cette fois-ci, le glaive de Macky Sall l’a sabré.
A 66 ans, il se fixe un dernier défi : être maire de Dakar. A Yoff où il milite désormais, le leader du mouvement Horizon 2020 s’est lancé dans une adversité frontale contre Abdoulaye Diouf Sarr, coordonnateur des cadres de l’Apr et maire de cette commune. Un pari grandeur nature pour Moustapha Cissé Lô qui a quitté Mbacké à cause de ses multiples échecs électoraux. Après avoir mangé à tous les râteliers (député Ps en 1998, 2 fois député du Pds 2002-2009), l’actuel parlementaire depuis 2012 va goûter à la marmite de l’opposition. Pour peut-être nouer des alliances avec des hommes et femmes qu’il a tant attaqués. En attendant, l’Apr a évacué Lô qui était parti pour la couler.