Par Justin GOMIS

– Les Sénégalais n’excellent pas dans le rapt. Mais les tentations existent aussi. Abdoulaye Faye, Saliou Diallo et Khadim Wagne ont tenté de l’expérimenter pour réclamer une rançon. Le 3 février 2018, les parents de Lawo Coulibaly avaient saisi la Brigade de gendarmerie de Keur Massar. Ils faisaient état de la séquestration de leur fils. Selon eux, les ravisseurs ont réclamé 900 mille F Cfa pour sa libération. Ainsi, une filature avait été mise en place par les pandores. C’est ainsi que le lendemain, l’un des ravisseurs, en l’occurrence Abdoulaye Faye, qui serait le cerveau de cette affaire, a fixé un rendez-vous avec les parents de la personne séquestrée à la cité Mtoa, sise à Keur Massar, pour procéder à l’échange. L’occasion ne pouvait être plus belle pour les policiers qui n’avaient eu trop de peine pour l’arrêter avec ses deux complices.
Poursuivis pour association de malfaiteurs, séquestration et tentative d’extorsion de fonds, les accusés ont comparu hier devant la Chambre criminelle de Dakar. Ils encourent 15 ans de prison ferme.
D’après Lawo Coulibaly, ses ravisseurs l’ont obligé à les suivre sous la menace d’un couteau et ont exercé des sévices corporels sur lui pendant 48 heures.
Des accusations balayées d’un revers de la main par Abdoulaye Faye. A l’en croire, il avait remis la somme de 900 mille F à Abida, à Abidjan, afin qu’il lui achète des tissus. Mais ce dernier lui a fait courir pendant deux semaines. Quelque temps après, il lui a donné rendez-vous à Rufisque. «Mais en réalité, Abida l’avait laissé chez lui en guise de gage», rappelle-t-il. D’après le juge qui ne s’est pas empêché d’intervenir, la victime était au garage malien quand Abdoulaye Faye est venu avec Khadim Wagne, armés d’un couteau, pour l’obliger à embarquer dans un véhicule avant de le conduire dans une maison à 22h où il a été torturé. Pour sa défense, Abdoulaye Faye prétend qu’une dame nommée Mariétou a appelé le lendemain la victime pour lui promettre d’apporter l’argent de sa libération. «Mais je ne l’ai jamais kidnappé», jure-t-il en sollicitant le pardon de ses co-accusés. D’après Khadim Wagne, c’est près de la pharmacie Mtoa qu’il a été interpellé. «Quelqu’un a appelé Abdou­laye Faye. Il est revenu avec les gendarmes qui nous ont arrêtés. Je suis étranger aux faits. J’étais venu rendre visite à son jeune frère tout simplement», a-t-il tenté de se disculper. Quant à Saliou Diallo, il argue avoir rendu visite à Abdoulaye Faye. «Et c’est quand je rentrais vers les coups de minuit que Faye m’a demandé de l’attendre. Nous sommes restés avec la victime et les gendarmes sont venus nous arrêter», se désole-t-il.
Pourtant, il avait confié dans le procès-verbal que Abdoulaye Faye avait séquestré le ressortissant malien. Selon le Parquet, «c’est la tante de Lawo Coulibaly qui a informé la séquestration de son neveu à la police, moyennant la somme de 900 mille francs. C‘est Abdoulaye Faye le cerveau de l’affaire qui a commandité le kidnapping pour se faire de l’argent. Il était convenu avec Saliou Diallo d’aller récupérer l’argent en attendant que Khadim Wagne se charge de garder la victime. Abdoulaye avait affaire avec Abida Diallo, mais vu que ce dernier avait disparu, ils ont séquestré Lawo Coulibaly. Le dessein criminel est avéré. C’est après leur arrestation que le téléphone de la victime a été retrouvé», a indiqué le procureur qui a requis 15 ans de travaux forcés.
Pour Me Macodou Faye, conseil de la défense, «le dossier a été corsé par les éléments enquêteurs». Il a plaidé l’application bienveillante de la loi à l’endroit de ses clients, qui seront édifiés le 27 septembre prochain.
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