Le Doyen des juges s’est entretenu avec Ousmane Sonko sans la présence de ses avocats. Le bâtonnier, alerté, l’a rappelé à l’ordre. Finalement, le leader de Pastef a été inculpé pour appel à l’insurrection et une nouvelle demande de levée de l’immunité de Sonko a été faite. L’opposant fera face au juge le lundi.
Le Doyen des juges Samba Sall a été rappelé à l’ordre par le bâtonnier de l’Ordre des avocats. En effet, après avoir hérité du dossier Ousmane Sonko-Adji Sarr, suite au dessaisissement du juge du 8ème cabinet, Mamadou Seck, le magistrat a voulu avoir «des propos préliminaires» avec Sonko sans la présence de ses avocats. Et ce, après lui avoir servi un mandat d’amener la veille, alors qu’il était en garde à vue. Un tête à tête qui a duré 25 minutes d’après la défense. Après l’entretien de Me Papa Leyti Ndiaye avec le Doyen des juges, les gendarmes ont laissé les avocats entrer dans le bureau. «Le bâtonnier lui a rappelé qu’il n’avait pas le droit de l’entendre même sur son identité sans la présence de ses avocats», a déclaré Ousmane Thiam, membre du conseil de l’Ordre des avocats qui a parlé au nom du bâtonnier. «Le Doyen a peut-être reconnu, même s’il avait une intention louable, on ne sait pas (…) de faire en sorte que les avocats puissent exercer leurs offices sans une entrave à l’exercice de la profession d’avocat. Les avocats vont exercer pleinement leur rôle», a ajouté le secrétaire général de l’Ordre.
Une position saluée par Me Bamba Cissé qui estime que «le bâtonnier Papa Leyti Ndiaye a rendu à l’avocature sa dignité». C’est le point d’orgue de la journée d’hier au tribunal de Dakar, qui a commencé vers 8 heures du matin. L’accès aux locaux était, une nouvelle fois, interdit à la presse. C’est Me Cledor Ly qui est le premier à informer les médias. «Nous n’avons pas vu notre client qui a quitté la Section de recherches entre 4h 30 et 5h du matin. Nous n’avons aucune information du lieu où il est gardé», s’est lamenté la robe noire devant les quelques caméras parquées à l’entrée principale du tribunal.
Sonko inculpé pour appel à l’insurrection, 2ème levée de l’immunité demandée
Ensuite, c’est le porte-parole de Pastef et avocat de Ousmane Sonko, Me Abdoulaye Tall qui a rapporté l’incident dans le bureau du Doyen des juges. Avec ses mots, il a condamné l’acte en parlant de «complot». La défense en veut pour preuve les procédures ouvertes contre son client. En effet, Ousmane Sonko, qui devait être auditionné sur «une participation non autorisée à un rassemblement et trouble à l’ordre public», s’est vu notifier son inculpation pour «appel à l’insurrection». Il devra retourner au bureau du Doyen des juges lundi prochain. «Ousmane Sonko fait l’objet d’une 3ème procédure. L’Assemblée nationale a été saisie le 2 mars par le procureur général qui a transmis le courrier au ministre de la Justice pour la levée de l’immunité parlementaire sur le dossier d’appel à l’insurrection. Qui est différent des dossiers de viols et menaces et de troubles à l’ordre public», a expliqué Me Bamba Cissé.
L’avocat s’est aussi prononcé sur le dessaisissement du juge du 8ème cabinet. D’après lui, Mamadou Seck a demandé à être dessaisi pour «convenances personnelles». «Il est irrespectueux qu’un magistrat convoque un homme qui emprunte le chemin pour répondre et qu’un autre magistrat vienne dire qu’il faut l’arrêter et l’amener pour une autre cause. C’est un manque de respect au juge Mamadou Seck», a dit Me Cissé.