Pour un droit d’ingérence de l’Onu contre les coups d’Etat

La soixante-dix-septième Assemblée générale de l’Onu, tenue récemment à New York, a délivré des messages annonciateurs d’un monde au bord de la guerre. Aux discours «musclés» de certains chefs d’Etat ou de gouvernement, ont succédé des complaintes d’une Afrique qui réclame, depuis des décennies, son admission au sein de quinze (15) membres du Conseil de sécurité, détenteurs du veto qui leur donne la carte de s’opposer à toute décision qui nuirait à leurs intérêts et à leur hégémonie. Cette assemblée de 2022 aura marqué les esprits par les invectives et polémiques des uns et des autres, chacun étant convaincu du bien-fondé de ses idées, actes politiques ou militaires. Ce qui se passe aujourd’hui doit interpeller le monde, dès lors que l’on agite le spectre de l’arme atomique dont on connait les capacités de destruction pour les hommes et leur environnement. Ici, en Afrique, notre continent est plongé dans les méandres de luttes pour le pouvoir, avec des coups d’Etat et leur cortège de malheurs et de désolations. Le drame se joue sous le regard désintéressé de l’Onu dont une intervention rapide et musclée aurait pu arrêter les massacres. On eût dit que les tempêtes tropicales et les tornades du continent sud-américain ont changé de direction. Ce continent, qui jadis était le foyer des régimes dictatoriaux de colonels, a contaminé les pays de l’ancienne Afrique occidentale française (Aof).
C’est peut-être la conséquence des changements climatiques qui nous font penser aux pays comme le Brésil, l’Argentine, la Bolivie et le Panama d’hier, pays où la Guerre froide a permis aux colonels de régner, pendant des décennies, sur leurs peuples terrorisés et soumis. L’Afrique est déjà le lit de luttes hégémoniques où des changements de partenaires vont créer des situations récurrentes d’instabilité et d’affrontements. La menace est telle que des communautés s’organisent pour s’attaquer à leurs voisines et créer une impossible cohabitation.
A l’examen des sources du mal, on aura compris que la démocratie des armes a supplanté celle des urnes, et les raisons sont économiques et sociétales. La partie du Sahel, aujourd’hui théâtre des tragédies, regorge de ressources minières insoupçonnées dont l’exploitation future aiguise déjà les appétits de groupes de narcotrafiquants, de mercenaires, qui prennent en otage de paisibles populations plus ancrées dans l’islam dont ces djihadistes tueurs se réclament. Nos soldats, formés en Europe, en Amérique ou en Russie, n’ont pas réussi à stopper les avancées macabres de ces groupes dont les techniques de guerre et les équipements permettent des victoires imparables. Ce n’est pas faute de courage ou de détermination des militaires. Si l’on ne fait rien, cette instabilité récurrente pourra sonner le glas, pour le chaos et l’implosion de toute l’Afrique subsaharienne. Pourtant, il est encore possible d’intervenir à deux niveaux : en premier, l’Onu pourrait superviser les processus électoraux de nos pays en leur apportant les moyens pour des élections transparentes et crédibles sanctionnées par un «satisfecit» de l’organisation. Il faudra ensuite formaliser un droit d’ingérence qui s’appuierait sur ces rapports et un casus belli ferait le reste. La proposition d’une armée «anti-putsch» n’aurait pas la légitimité et les moyens d’intervenir dans un pays souverain, dès lors que ce pays n’aura pas ratifié les dispositions de cette organisation onusienne. Si enfin l’Onu a été créée à la suite des deux dernières guerres mondiales pour que «cela ne se reproduise plus», il est de son devoir impérieux de faire sauter le verrou du Veto au Conseil de sécurité pour mieux sauver le monde. Une troisième guerre mondiale, devenue très probable aujourd’hui, signifierait l’apocalypse et la fin de l’humanité entière. Au lendemain, il sera hélas trop tard et l’organisation aura failli aux idéaux de ses membres fondateurs.
Fodé GUISSE
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