Promouvoir un leadership féminin fort en Afrique. C’est le sens du Projet d’autonomisation et de leadership des jeunes en Afrique de l’Ouest lancé par le Roajelf (Réseau ouest-africain des jeunes femmes leaders). «C’est un projet qui va intervenir dans quatre pays, le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, pour renforcer le leadership transformationnel des jeunes femmes et favoriser une meilleure participation politique des jeunes femmes et des jeunes dans les instances de décision», a fait savoir Zippora Dione, coordonnatrice de l’antenne Sénégal du Réseau africain des femmes. D’après elle, le choix de ces pays a une raison particulière. «Nous pensons que dans la sous-région ouest-africaine et dans le Sahel, la Côte d’Ivoire va aller aux élections l’année prochaine, le Burkina et le Mali qui sont des pays voisins, on a à peu près les mêmes réalités sociales et culturelles. Dans le cadre de ce projet, nous avons pensé nous mettre ensemble et travailler pour atteindre les objectifs escomptés», a-t-elle expliqué.
Autre but visé dans le cadre de ce projet, «c’est d’avoir une approche où on va impliquer des organisations des différents pays, mais également des ministères sectoriels», a-t-elle dit, tout en rappelant que le projet s’inscrit également dans des objectifs qui ont été tracés, à savoir la Stratégie nationale de l’équité et du genre. «La Sneg aujourd’hui vient appuyer tous les efforts de ce projet qui sont faits par les gouvernements des différents pays d’intervention. Donc, c’est en cela que nous avons, dans le cadre de ce projet, le comité de pilotage spécifique. Nous avons pensé à intégrer les ministères sectoriels pour solliciter leur contribution par rapport aux objectifs du projet», a ajouté la coordonnatrice de l’antenne Sénégal du Réseau africain des femmes.
Une démarche dont s’est réjouie Astou Diouf Guèye, directrice de l’Egalité et du genre au ministère de la Famille et des solidarités. «Nous avons retenu que c’est un projet qui fédère et qui contribue à la vision de l’intégration des peuples de la Cedeao, parce que vous avez vu que au-delà du Sénégal, nous avons nos sœurs du Mali, du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire qui sont dans le projet. C’est un projet qui vient renforcer les politiques gouvernementales en matière d’autonomisation des femmes, de participation et de leadership politique, qui est venu à son heure si vous regardez le contexte, non seulement c’est venu à un moment où nous avons besoin d’entreprendre des actions pour améliorer la condition des femmes, mais aussi leur donner une autonomie durable et en faire également des actrices entières et pleines dans les instances de décision», a-t-elle déclaré, tout en magnifiant les avancées que notre pays a faites dans le sens de l’équité et de l’égalité de genre.
«Quand nous faisons l’analyse comparative, nous savons que le Sénégal est devant beaucoup de pays. On occupe la 4e place en matière de participation politique et de leadership politique des femmes au niveau africain. Nous sortons d’échéances électorales, on a noté une tendance baissière, mais nous n’allons pas nous focaliser seulement sur les chiffres, mais sur ce qu’ils renseignent. Ils renseignent qu’on a 41% de femmes élues cette année à l’Assemblée nationale contre 44,3% par rapport à la 14e Législature. Mais ces mêmes chiffres nous renseignent que nous avons 13, 4% de jeunes qui ont moins de 35 ans et qui ont fait une percée à l’Assemblée, et les jeunes femmes ne sont pas en reste. Nous constatons que la benjamine de l’Assemblée nationale a 26 ans», a-t-elle expliqué. Avant de souligner que nous avons un environnement politique, institutionnel, juridique favorable à l’accomplissement du leadership politique des femmes.
Elle ne perd pas espoir de voir cette tendance se poursuivre également avec l’installation des organes de l’Assemblée nationale.
«Ce qu’il faudrait dire, c’est dans tous les pays du monde. C’est un défi éternel. Ce sont des rapports de pouvoir. C’est là que les gens comprennent que les rapports de genre sont des rapports sociaux, de pouvoir entre hommes et femmes. Ce n’est pas parce que les femmes ne sont pas tête de liste que notre démocratie en souffrirait. L’inverse pourrait se produire. Mais ce qui est souhaitable, c’est de faire en sorte qu’on ait cette parité», a-t-elle dit, en rappelant qu’une parité parfaite n’existe pas.
L’esprit du Roajelf, qui l’a bien compris, est de mettre en place, à travers ce projet, un réseau en Afrique de l’Ouest qui va permettre de mutualiser leurs efforts et développer des synergies pour intervenir au niveau de leur pays et particulièrement au niveau des communautés afin de faire émerger un leadership féminin fort.
Par Justin GOMIS – justin@lequotidien.sn