A Dubaï, comme dans le reste des Emirats arabes unis, l’accès au vaccin est aussi un moyen d’attirer les touristes. En partenariat avec un promoteur anglais, des personnes disposées à casquer 100 millions de Cfa pour 3 semaines, peuvent se faire vacciner tout en s’offrant du bon temps dans les Emirats.

Au moment où plusieurs pays se demandent, surtout en Afrique, quand les vaccins leur parviendront, d’autres ont trouvé le moyen de transformer le vaccin en produit pour attirer les touristes. Ainsi, le journal anglais The Guardian a indiqué hier que les Emirats arabes unis ont passé un accord avec un club londonien pour personnes riches, dénommé Knightsbridge Circle, aux termes duquel des Britanniques membres du club, pourraient se rendre à Dubaï et moyennant 10 mille livres (environ 8 millions de francs Cfa), disposer d’un vaccin Sinopharma. Il faut souligner que l’admission au Club coûte déjà 25 mille livres sterling (environ 20 millions de Cfa). Et puisque les vaccinations se font dans un intervalle de deux semaines, les touristes concernés devraient aussi prévoir des frais d’hôtel et de prise en charge pour environ 3 semaines.
En fait, Le Quotidien avait calculé que les frais inclus dans le «deal» seraient d’environ 100 millions de francs Cfa. Interpellés, les représentants de la compagnie Emirates à Dakar, avaient au préalable déclaré ne pas être au courant de cette pratique, dont des personnes de confiance avaient informé la rédaction.
L’article du journal londonien vient corroborer l’information, en ajoutant des éléments supplémentaires. Le confrère anglais précise également que les autorités émiraties, contactées par leurs soins, n’ont ni confirmé ni nié l’information. Il ajoute que le vaccin européen Pfizer/BioNtech, qui a déjà commencé à être inoculé aux Emirats, notamment aux membres des familles régnantes et aux résidents permanents, n’est pas compris dans le deal. Le vaccin chinois n’a pas encore été officiellement homologué par les autorités sanitaires de ce pays, mais il serait néanmoins disponible, dans le cadre de cet accord, pour les touristes disposés à y mettre le prix.
Le fondateur de Knights­bridge Circle a affirmé dans les journaux que depuis le lancement de ce «tourisme du vaccin», son cabinet a reçu plus de 2000 demandes d’enregistrement, ainsi que des offres de plusieurs compagnies aériennes privées disposées à des partenariats.
Cette offre est un atout supplémentaire pour un cercle qui se vante d’offrir à ses adhérents des services d’un genre particulier. Il s’agirait, notamment, de repas privés avec le Pape, de leçons de chant avec Alicia Keys, ou de l’achat de sacs à main de marque qui, pour des consommateurs ordinaires, demanderaient de s’inscrire sur une liste d’attente de deux ans environ.
Néanmoins, il faut croire que même en Grande Bretagne cette affaire n’est pas passée comme lettre à la poste. Excédées de voir sur les réseaux sociaux, des compatriotes se vanter de passer du bon temps à Dubaï et dans les autres villes des Emirats, alors que ceux au pays sont confinés pour éviter la propagation du virus, les autorités anglaises ont décidé d’interdire les vols directs sur Dubaï et les autres villes des Emirats.
Quant à ce deal sur les vaccins, il montre que, en dépit des déclarations optimistes des dirigeants des pays pauvres, l’accès rapide aux vaccins, partout dans le monde, reste encore une affaire de riches.