Pour un plan de stabilisation des finances de l’Etat et de relance économique

Il faudra considérer que si la tendance de creusement du déficit budgétaire de l’Etat du Sénégal persiste autour de 10% du Pib pour 2025, nous allons traverser une crise financière aigue, si aucune mesure de sauvegarde n’est prise en urgence. En effet, lorsque les déficits s’accumulent, la tendance devient structurelle par entraînement et complexifie davantage les problèmes. Il faudra arrêter cette tendance hémorragique par la prise et l’application d’un plan d’urgence afin d’éviter une crise financière aigue consécutive à un surendettement.
Pour une économie relativement forte à croissance économique robuste autour de 8% pour 2025, de surcroît productrice de gaz et de pétrole, il suffit simplement de réduire le déficit budgétaire par la diminution drastique du train de vie de l’Etat et l’amélioration de la qualité de la dépense publique, afin que l’économie sénégalaise puisse sortir la tête de l’eau. Cette importante mesure de redressement financier devrait être accompagnée par un refinancement de l’économie sénégalaise par un cash-flow d’argent frais quasiment autour de 10 000 (dix) milliards de F Cfa, soit la moitié du Pib pour un crédit à long terme. Le moins qu’on puisse dire est que ces mesures restent à notre portée ; il suffit d’avoir la volonté politique, l’intelligence et la diplomatie économique qui y sied.
Nous pouvons comprendre qu’à la suite de chocs exogènes cumulatifs liés surtout à la crise sanitaire du Covid en 2020 et 2021, la crise climatique avec les inondations en 2021 et 2022, la crise sécuritaire au Sahel avec le renforcement des dépenses militaires ainsi que la crise en Ukraine, le déficit budgétaire puisse se creuser jusqu’en 2024, en plus des nombreuses dépenses d’investissement pour des projets structurants au cours de cette période.
C’est dire que, dès 2024 avec l’avènement des nouvelles autorités au pouvoir, nous pourrions opter pour cette politique économique de réduction du déficit de l’Etat et de refinancement de l’économie sénégalaise, sans tambours ni trompettes auprès des bailleurs de fonds multilatéraux qui nous faisaient confiance par l’octroi de crédits à long terme à des taux concessionnels (Fmi, Bm, Bad ou d’autres fonds souverains européens ou arabes). En 2024, le Fmi était prêt à nous accorder des décaissements en 2024 et 2025 autour de 1 200 milliards de F Cfa. Malencontreusement, nous avons observé la crise de confiance qui s’est installée, principalement avec le Fmi, chef d’orchestre des bailleurs de fonds, et les dégradations de la notation du Sénégal qui ont suivi.
Il ne s’agira pas d’un nouveau plan d’ajustement structurel à moyen et long termes, mais d’un plan d’urgence de stabilisation des Finances publiques à court ou moyen terme, par la réduction du déficit et un refinancement de l’économie par un crédit concessionnel à long terme, ou alors par un gel ou allègement du service de la dette publique pour une période déterminée .
Le Sénégal, dans le passé, avait obtenu plusieurs refinancements de son économie auprès des clubs de Paris et de Londres, et même un allègement de la dette publique du Sénégal. Pourquoi pas de nos jours, en restaurant la confiance auprès des bailleurs de fonds, la seule variable non aléatoire ?
Kadialy GASSAMA
Economiste
Rufisque