Pour un Sénégal de l’entente et de la réconciliation. Et si le «Jubbòo» devait compléter le «Jub, Jubal, Jubanti»

La devise de notre République -Un peuple, un but, une foi- exprime avec force la vision d’un Peuple rassemblé, marchant vers un avenir commun, animé d’une foi partagée en sa destinée. Elle nous rappelle que malgré nos différences d’opinions, d’origines ou de sensibilités, nous sommes unis par un socle commun : notre appartenance à la Nation sénégalaise.
Aujourd’hui, alors que le gouvernement nous invite par le triptyque «Jub, Jubal, Jubanti» à cultiver la droiture, à gérer avec rigueur et à redresser ce qui doit l’être, il est également impératif de poser une autre exigence tout aussi essentielle : celle du «Jubbòo», l’entente et la réconciliation, comme l’avait tenté Nelson Mandela à sa prise du pouvoir, après 26 ans de privation de liberté arbitraire.
La mobilisation de toutes les énergies, de toutes les compétences, de toutes les bonnes volontés est essentielle pour construire ce pays au potentiel si énorme. Un adage bien de chez nous le dit si bien : «Bu fukki nit di gas, fukki nit di suul…»
Et là, la cohésion nationale est le socle sur lequel peuvent se bâtir la bonne gouvernance, la justice sociale et le développement durable.
Dans un monde en perpétuel bouleversement, où les crises se multiplient, il nous faut plus que jamais cultiver le dialogue, la compréhension mutuelle et le pardon. Le «Jubbòo» n’est pas faiblesse ; il est sagesse. Il exige de chacun humilité et grandeur d’âme, reconnaissance des erreurs, voire même des fautes, d’une part, et d’autre part, reconnaissance des avancées et des fondations solidement implantées, mais générosité et mansuétude pour ouvrir des perspectives sur ce qui ne doit plus se faire dans ce pays. Ce leurre manifeste qu’est la démocratie, et qui encourage les déchirements, les tiraillements, les combats de gladiateurs où tous les coups sont permis, ne doit pas prendre le dessus sur notre legs culturel fait de fraternité, de concertation et conciliabules qui peuvent nous amener à des consensus forts sur les questions essentielles qui structurent notre «commun vouloir vivre ensemble».
Ainsi, le triptyque «Jub, Jubal, Jubanti» ne saurait porter pleinement ses fruits sans le souffle de l’entente et de la réconciliation, le «Jubbòo». C’est dans cette alchimie entre droiture morale, bonne gouvernance et esprit de concorde que nous pourrons donner tout son sens à notre devise nationale et forger un Sénégal plus fort, plus juste et plus uni.
Ousmane Ngom FALL
Professeur de Mathématiques, Principal de Collège à la retraite