La prise en charge des malades, surtout pour certaines maladies complexes, est un défi majeur pour toute stratégie sanitaire d’un pays. Pour peu qu’on ait un œil un peu attentif, le Sénégal est un pays où une partie non négligeable de la population réussit difficilement à s’assurer une prise en charge médicale adéquate. Quand une maladie comme le cancer dont on enregistre 8000 à 12 000 cas chaque année, selon la ministre de la Santé et de l’action sociale, Dr Marie Khémesse Ngom, a une telle prévalence au sein de la population, on ne peut lésiner sur les moyens pour accompagner du mieux les personnes touchées.

Plusieurs efforts sont faits dans la prise en charge du cancer dont l’entière gratuité de la chimiothérapie, notamment pour les cancers du sein et du col de l’utérus. Si on se rend compte qu’il y a 1500 nouveaux cas de cancer du sein et près d’un millier de personnes atteintes du cancer du col de l’utérus chaque année d’après les données de la Ligue sénégalaise de lutte contre le cancer (Lisca), une telle mesure prise en 2019 soulage et surtout aide de nombreux malades à bénéficier de soins décents. Face à un mal complexe, l’accessibilité des remèdes et leur large diffusion au niveau national sont les options pour permettre de contenir du mieux la propagation et surtout aider les malades et leurs familles à avoir la possibilité de traitement. Au-delà des cancers du col de l’utérus et du sein, une subvention à hauteur de 40 à 60% des frais de prise en charge est disponible pour les autres types de cancer. Ainsi, c’est une enveloppe d’1, 5 milliard qui permet de prendre en charge une partie des frais de patients atteints du cancer, en attendant qu’une gratuité des traitements de tous les cancers soit effective.

Plusieurs acteurs de la santé demandent un élargissement du régime des subventions pour les soins du cancer et cela, à juste titre. Dans un pays comme le nôtre, il y a une part d’appui, d’assistance et de providence qui incombe à l’Etat, et pour laquelle il faut savoir en faire toujours plus. Des maux qui rongent nos sœurs, mères et épouses doivent mobiliser toutes les ressources. Les soins doivent continuer à être accessibles, les médicaments permettant les traitements, subventionnés à maxima, et les centres de traitement décentralisés. La fermeture de l’hôpital Aristide Le Dantec pour sa rénovation avait eu à éprouver plusieurs malades avant que le transfert des soins du cancer ne soit pleinement opérationnel à l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye. Cette situation révélait la nécessité de décentraliser les soins du cancer et la chimiothérapie sur l’ensemble du territoire national, avec des pôles régionaux pouvant permettre de mailler le territoire au mieux. L’idée du développement de pôles régionaux de radiothérapie est émise, sa matérialisation soulagera tout un arrière-pays qui se tape de longues distances pour accéder à des soins commodes dans la région médicale de Dakar.

La chimiothérapie est gratuite au Sénégal, alors que le diagnostic, ainsi que l’usage des intrants et de perfuseur, reste encore payant. Ce sont ces petites incohérences qu’il faut corriger pour que le cancer, sous toutes ses formes, soit contenu dans notre pays, comme ont pu l’être le Sida ou le paludisme. Le travail de structures comme la Lisca dans la conscientisation, l’offre de solutions et la prise en charge des malades, est à saluer vivement. Des structures comme elle sont la preuve que de l’associatif avec des gens foncièrement nourris de bonnes intentions et doués d’un altruisme sincère peut bouger des lignes.

Un Centre national d’oncologie est en train d’être construit à Diamniadio et contribuera de façon dynamique à une rémission au niveau national d’un fléau qui ronge tout le Sénégal. Croisons les doigts pour que les pouvoirs publics se donnent pleinement à l’endiguement de cette pathologie. C’est une question de justice sociale, c’est aussi une forme de démocratie que de garantir l’égalité dans l’accès aux soins médicaux.

Je suis fervent militant d’une gratuité des soins de traitement de tous les cancers, car ces pathologies prennent des proportions considérables au sein de la population. Un Sénégal de tous ne peut être possible sans cette forme d’égalité des chances.
Par Serigne Saliou DIAGNE
saliou.diagne@lequotidien.sn