Devant le tableau d’accidents provoqués par les motos Jakarta, Ibrahima Nata Gaye, conseiller et formateur en gestion, propose des solutions à même de parvenir à une meilleure gestion de la «nouvelle filière» apparue dans le transport urbain. Selon lui, il s’agit de légiférer pour formaliser puis former les acteurs et en fin mutualiser ce nouveau segment du transport urbain. Pour rendre le métier de conducteur de moto Jakarta beaucoup plus professionnel et rentable à l’échelle nationale, Ibrahima Nata Gaye a répertorié quatre rubriques pour l’amélioration des conditions de travail des professionnels de motos Jakarta. A savoir mettre en place une loi qui définit le cadre général de l’activité. «A partir de ce moment d’autres textes spécifiques aux conditions d’aptitudes du moto-travailleur : âge minimum requis, aptitude à la conduite de moto (bonne faculté visuelle, mentale)… ». Ceci permettra, de l’avis de M. Gaye, de conscientiser sur le risque réel encouru par le conducteur de motocycle, la catégorisation (selon le poids et la puissance cylindrique), les conditions d’obtention d’une carte grise après formation. A cela s’ajoute la définition de la fiscalité qui, dans certaines localités, est de 100 F CFA/jour et dans d’autres 2500 F CFA mensuel. «Ces lois doivent être l’aboutissement d’une concertation entre l’Etat, les différentes collectivités locales et les exploitants ou associations de mototaxis, afin d’harmoniser les positions pour éviter les couacs constatés avec la décision sur le port de casque obligatoire». Ainsi, poursuit-il, «ils vont mettre sur pied un document jetant les bases de la formalisation du secteur». A partir de cette approche, indique-t-il, «ce type de transport peut être rattaché à une entité qui se charge des démarches, des conditions d’adhésion, de la régularisation des situations et de chercher des solutions aux problèmes posés quotidiennement par la filière. Il faut que le transporteur de Jakarta puisse connaitre les mécanismes de la fiscalité et un bureau qui se charge des questions y afférentes, à l’intérieur duquel il pourra tirer des informations utiles. Parallèlement, ce bureau doit être affilié à un autre bureau chargé de l’étude, l’élaboration des statistiques et de l’analyse des risques routiers». Le deuxième axe de l’analyse de Ibrahima Nata Gaye concerne la formalisation du secteur. Pour le conseiller et formateur en gestion, dans tout système de transport, il existe les voies et les moyens et l’environnement. «Tout développement commence par une organisation. On peut alors définir les distances (trajets) que doivent effectuer les motos et à quel prix, leur réserver un petit espace parking/stationnement moyennant une somme forfaitaire au gérant. Il faut une régularisation et une uniformisation des prix en fonction des distances de sorte que le client une fois son besoin identifié sache exactement combien il doit payer pour arriver à bon port ou bien qu’il y ait une tarification homologuée». Ainsi, les discussions inutiles seront évitées et le moto-travailleur gagne du temps, selon Gaye qui indique qu’un des avantages de cette uniformisation, c’est que le moto-travailleur peut facilement gérer ses entrées en fonction des trajets effectués au cours d’un mois et peut en comparaison de ses dépenses établir son compte de résultat. «Un point important est qu’il développe l’esprit de compétitivité parce qu’un trajet implique une certaine quantité de carburant. Donc, il maîtrise de plus en plus la consommation de son outil de travail. Mais, cela ne suffit pas, il faut renforcer ces connaissances par des formations diverses. Et pour l’optimisation des rendements pourquoi ne pas aller jusqu’à utiliser la modélisation?».
S’agissant du troisième volet, M. Gaye, pense que la formation professionnelle est en principe un préalable indispensable pour mener à bien un travail quelconque, alors celui de moto-travailleur ne saurait déroger à la règle. Il s’agit de la mécanique des motos, de la gestion, du secourisme. «Car, le moto-travailleur se doit de connaitre son outil de travail grâce à une formation de base solide pouvant l’aider à identifier les pièces maitresses de l’engin, maitriser le fonctionnement, solutionner quelques pannes simples». En outre, il doit pouvoir entretenir le matériel, établir un calendrier de visite, dresser un diagnostic précis afin de permettre au mécanicien de situer rapidement tout dysfonctionnement sur les organes de la moto.
Changement
Pour la gestion, poursuit Ibrahima Nata Gaye, «le moto-travailleur doit avoir un minimum de compétences en la matière. Il doit être en mesure de dresser un compte de résultat mensuel, dresser son bilan, établir son tableau Swot (forces, faiblesses, opportunités et menaces), mettre en place un tableau de bord et des indicateurs pour le suivi». Aussi, et selon lui, un programme de recyclage, facilitant l’accès à des informations technologiques fraiches concernant l’outil de travail, qui s’avère-t-il utile dans les échanges internationaux. «Ceci concerne surtout les conducteurs de motos organisés en groupes d’où la création d’associations et de compagnies. Ainsi ils pourront recruter des gestionnaires issus d’écoles de commerce et plancher lors de séminaires ou de colloques ou ateliers sur la transformation ou l’évolution et les perspectives futures de l’outil de travail». Une fois les connaissances liées à la production acquises, ajoute-il, ils doivent être sensibilisés sur la notion de risque afin qu’ils puissent développer des réflexes sécuritaires à partir d’une formation en secourisme. «Car, le moto et son client sont exposés à divers risques. Par conséquent il doit être bien préparé à affronter des situations peu enviables. Sous ce registre, il est à signaler que du fait des contraintes naturelles (la chaleur…) ou de l’absence de moyens dans les pays concernés, la sécurité vestimentaire du conducteur de moto est rarement respecté : port de casque et gilet fluorescent, blouson, chaussure de sécurité, gants. En cas d’accident, le conducteur de moto doit pouvoir assurer les postures de secours «mieux, il doit être en mesure d’apporter les premiers soins, surtout un soutien moral, se munir d’une carte sur laquelle est mentionnée des informations sur son identité (nom, prénom, téléphone, personne à contacter en cas d’urgence, groupe sanguin, numéro d’assurance, mutuelle de santé…) placé dans un endroit connu de la motocyclette».