A ce jour, 4,3 milliards de personnes dans le monde ont reçu au moins une dose du vaccin Covid-19. Au Sénégal, la campagne de vaccination débutée depuis le 23 février 2021 progresse, avec un total de 1 million 360 mille 095 personnes vaccinées. Rappelons que l’objectif visé est de vacciner au moins 70% de Sénégalais âgés de plus de 18 ans pour atteindre une immunisation collective, c’est-à-dire une immunité de protection. Des efforts, autant qu’individuels que collectifs, sont ainsi nécessaires pour accélérer la cadence de la vaccination et atteindre le plus grand nombre car, disons-le clairement, seule la vaccination nous permettra de contrôler la pandémie, réduire la transmission, diminuer le nombre de patients avec une forme sévère admis dans les unités de soins intensifs, et surtout diminuer le nombre de décès par Covid-19. En outre, la vaccination de masse réduit la probabilité de survenue de nouveaux variants par mutation du virus.
Réussir la campagne de vaccination Covid-19 est donc la clé du succès pour un contrôle de la pandémie dans notre pays comme partout ailleurs. Pour cela, il faut une communication claire, transparente et continue à l’endroit des populations, c’est-à-dire mettre en place une approche communautaire pour :
Informer les populations en leur apportant des arguments scientifiques dans un langage clair, compréhensible et accessible
Ecouter et établir le dialogue afin de recueillir les avis des populations sur les vaccins Covid-19, évaluer leur niveau de connaissance et de compréhension : efficacité, effets secondaires. Une opportunité de clarifier, et répondre aux questions et inquiétudes posées par les populations. Cette communication doit être maintenue, régulière et utilisant les différentes langues parlées dans le pays.
Rétablir la vérité par rapport aux fausses informations et théories complotistes en tous genres (fake news) véhiculées par des groupes antivaccins via les réseaux sociaux (Infodemic).
Rassurer sur l’efficacité des vaccins Covid-19, seule stratégie qui nous permettra de limiter la propagation de l’infection et surtout d’éviter la saturation du système de santé (manque de lits d’hospitalisation, besoin énorme en moyens de réanimation et en particulier besoin en d’oxygène, surcharge de travail du personnel de santé).
Inciter à la vaccination par la mise en place de systèmes de récompenses pour les populations déjà vaccinées, récompenses adaptées au contexte et réalités sociales et économiques, par exemple : tontines pour les personnes vaccinées, tirage au sort pour gagner des lots dont la nature sera à définir, etc.
Installer des sites de vaccination au sein de la communauté pour en faciliter l’accès : décentralisation et proximité au niveau le plus périphérique dans les quartiers et communes, en plus des structures classiques de santé.
Dans ce cas, la formation et l’implication des relais communautaires pour une diffusion des bons messages et appropriation par les communautés est plus que nécessaire. L’on devrait profiter des vacances citoyennes organisées chaque année pour retenir le thème de la vaccination Covid-19 pour cette année 2021. Former les jeunes et en faire des vecteurs et diffuseurs de messages d’incitation à la vaccination. Protéger ces jeunes (filles et garçons) par la vaccination et les doter de masques de protection et de solutions hydro-alcooliques afin d’éviter toute contamination durant ces campagnes de sensibilisation sur toute l’étendue du territoire national. Le ministère en charge de la Jeunesse devrait saisir cette opportunité pour apporter sa contribution et travailler en collaboration avec celui de la Sante et de l’action sociale.
En plus des jeunes, les associations de femmes dans les quartiers devraient aussi participer à l’effort de communication et de sensibilisation sur l’importance de la vaccination Covid-19. La contribution de ces associations féminines bien structurées sera, comme d’habitude, significative pour une appropriation par les populations.
Ces stratégies de communication doivent être multiformes, dynamiques, ciblées et utilisant tous les canaux. La nouvelle approche est de faire appel à des influenceurs, c’est-à-dire des personnes qui utilisent les réseaux sociaux avec une large plateforme, avec une importante communauté (nombre élevé de followers) via Instagram, YouTube ou encore Tik Tok. Les échanges avec l’influenceur porteront sur la vaccination Covid-19 avec comme objectif d’informer le maximum de personnes au cours de l’entretien, répondre à leurs questions et inquiétudes, apporter des clarifications sur les fausses informations. A terme, convaincre les populations d’aller se faire vacciner massivement pour freiner la propagation du virus dans nos communautés. C’est la riposte à «l’épidémie des non vaccinés (es)».
Aujourd’hui, dans certains pays qui ont un stock suffisant de vaccins pour les populations, le pass sanitaire devient de plus en plus un document obligatoire pour pouvoir participer à certaines manifestations et fréquenter certains lieux publics (restaurants, grands magasins, salles de spectacle, salles de sport, entreprises,). Ce pass sanitaire est délivré aux personnes qui sont complètement vaccinées. L’on se pose alors la question de savoir si l’on a le droit de ne pas se vacciner et mettre en danger la vie des autres ? Quelles sont les limites du droit individuel devant un problème de santé publique qui concerne la communauté ? Droit individuel versus droit collectif ? Espérant que d’ici quelques mois les vaccins Covid-19 seront disponibles pour tous au Sénégal, le pass sanitaire devrait être appliqué aussi dans notre pays pour protéger les populations. En attendant d’atteindre les 70% de couverture vaccinale, il faudra continuer à bien porter correctement et fréquemment le masque (c’est-à-dire couvrant la bouche et le nez), limiter les déplacements non essentiels, interdire les rassemblements de masse avec forte promiscuité et enfin se désinfecter fréquemment les mains.
Professeur Papa Salif SOW
Expert en Maladies Infectieuses et Tropicales – Diplomatie et Sante Référant International Gestion et Réponse Covid-19
Membre de l’Académie Nationale des Sciences et Techniques du Sénégal (Ansts).