Les élections législatives anticipées du 17 novembre 2024 ne sont que l’affirmation de la volonté de changement exprimée par le Peuple sénégalais lors de l’élection présidentielle de mars 2024. Nous remarquerons la courte période de sept mois qui sépare les deux élections, rendant impossible une modification appréciable du comportement de l’électorat, relativement au contexte politique qui avait prévalu à la Présidentielle.

Les conditions d’une mauvaise perception sur la gouvernance démocratique économique et sociale du précédent régime par une bonne partie de l’opinion nationale étaient déjà perceptibles dès les élections locales de février 2022 et législatives de juillet 2022. La crise post-Covid à partir de 2021, l’inflation importée, les effets du changement climatique qui ont négativement impacté les conditions de vie et d’existence des populations (inondations), l’imbroglio entretenu sur le 3ème mandat presque pendant tout le quinquennat du Président Macky Sall, ont favorisé la survenue d’une troisième alternance dans notre pays en mars 2024.

Il s’y ajoute que la défaite de la Coalition Bby en mars 2024 a provoqué son émiettement et sa dislocation, favorisant davantage le parti Pastef privilégié par un système électoral majoritaire aux Législatives. C’est pourquoi nous avons assisté à un raz-de-marée du parti Pastef à ces dites élections législatives par rapport aux scores obtenus à la Présidentielle précédente.
De plus, l’imbroglio et l’opacité entretenus dans le processus décisionnel aboutissant à des investitures décriées par les camarades du Ps, ainsi que le manque de cohésion, d’engouement, de dynamisme et de performance de la Coalition Jaam ak njariñ, ont indubitablement contribué à une contre-performance remarquable de cette coa­lition au cours des Législa­tives.

En vertu de ces considérations, le Ps ne devrait pas s’attarder sur une quelconque évaluation, mais devrait plutôt se projeter sur l’avenir, pour apporter les transformations nécessaires et urgentes à cette formation politique historique, afin de constituer l’alternative crédible et le rempart contre le régime populiste en place, qui finira inéluctablement par décevoir la communauté nationale.

Pour ce faire, il est impérieux de mettre en place un comité politique stratégique transitoire chargé de proposer des réformes structurelles pour un parti rénové, susceptible de catalyser et de prendre en charge les aspirations des populations sénégalaises.

La question existentielle fondamentale pour le parti historique qu’est le Ps, lequel possède un patrimoine immatériel et matériel incommensurable, est relative à ses alliances stratégiques improductives.

Ayant perdu le pouvoir en 2000 et étant le socle sur lequel l’opposition a renversé le pouvoir du Président Abdoulaye Wade en 2012, le Ps a commencé à connaitre sa déliquescence structurelle (ainsi que les autres formations de Gauche) à partir de son immersion dans Bby, jusqu’à la troisième alternance dans notre pays en 2024. La question des alliances est une question existentielle fondamentale à laquelle les erreurs politiques sont dévastatrices.
Le moment est venu pour le Ps de rependre son autonomie, de revenir à l’appropriation, au développement de sa propre personnalité, de réactiver le flambeau socialiste vers des mutations et transformations de ses structures, afin de constituer l’alternative crédible susceptible d’améliorer tangiblement les conditions de vie et d’existence des populations.

Kadialy GASSAMA
Membre du Sen et du Bp du Ps