Pourquoi tant de haine, Monsieur le Premier ministre ?
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A l’occasion d’une réunion interministérielle préalable à la rentrée scolaire, Monsieur le Premier ministre, vous avez remis une pièce dans la machine au sujet du port du voile dans les établissements d’enseignement privé catholique. Même si vous ne les nommez pas explicitement, nous avons suivi votre nouveau crachat, et nous avons vu qu’il tombait au même endroit que celui du mois d’août. Monsieur le Premier ministre, dans les deux mots «Enseignement Catholique», celui que vous n’aimez pas est Catholique. C’est la seule raison de votre sortie dont l’inanité et la débilité sont confondantes.
Monsieur le Premier ministre, à chaque fois que vous vous exprimez, vous puez la haine, la rancune et le ressentiment. La vacuité de vos injonctions vous conduit même à mélanger les pédales. Vous donnez l’exemple de l’interdiction pour prêcher l’autorisation. Vous avez dit : «…dans d’autres pays, quand il est édicté que tel port vestimentaire n’est pas autorisé, tout le monde s’y plie.» Ce lapsus de l’exemple exprime le désaccord entre la vérité que la raison ne peut nier, et les ténèbres épaisses qui voilent le cœur haineux. Oui en effet, ces autres pays croient, à tort ou à raison, que l’espace scolaire doit être un sanctuaire hors de portée d’expressions controversées de la liberté de conscience. Ils interdisent le port de signes ostentatoires d’appartenance religieuse, philosophique, politique, morale pour que l’esprit coure à la vérité sans corset. Vous convoquez à l’appui de votre prêche, le contraire de ce que vous voulez !
Monsieur le Premier ministre, vous voulez un arrêté mettant au pas les écoles catholiques. Après 6 mois aux responsabilités, la seule urgence que vous avez identifiée, la solution trouvée au mal qui gangrène l’école sénégalaise est de presser l’Enseigne-ment Catholique de purger ses règlements intérieurs de toute expression tendant à organiser le port du voile en son sein ? Opposant il y a peu, au gré de vos logorrhées, vous fustigiez et dénonciez d’autres maux, convoquiez d’autres urgences, l’effondrement du niveau global, les abris provisoires, les conditions de travail et le traitement des enseignants. Comme pour tout le reste, il devait s’agir d’éructations populistes vite oubliées sitôt le pouvoir obtenu. La réalité du pouvoir vous a-t-elle rattrapé ? La vérité, c’est que vous n’avez pas de projet pour l’Education. C’est écœurant quand on sait tout le mal que vous avez fait à l’école sénégalaise par vos manœuvres d’hier, la politisation d’enseignants qui vous ont suivi dans vos fumisteries.
Monsieur le Premier ministre, vous auriez pu nommer ces écoles catholiques que vous voulez mettre au pas. Votre aigreur et votre méchanceté vous ont fait déraper jusqu’à parler de ces établissements comme «d’écoles dites étrangères» ! Etes-vous à ce point dépourvu de culture historique et sociale pour parler des établissements d’Enseignement Catholique comme d’écoles étrangères ? A quel titre ces écoles sont-elles des enclaves étrangères ? A cause de ceux qui les dirigent ? Des enseignants qui y exercent leur métier ? De l’Eglise Catholique qui en a la tutelle et la gouvernance ? Etes-vous de ceux-là qui assimilent les catholiques à des vestiges de la colonisation ? Monsieur le Premier ministre, mesurez-vous un seul instant que par ces insinuations stupides et nauséabondes, vous insultez toute une communauté ? Ces écoles que vous taxez d’étrangères sont le fruit du travail sérieux et rigoureux, du sacrifice d’enfants de ce pays, qui vous surpassent en mérites et en vertus, qui ont consacré toute leur vie au service de leurs frères et sœurs, et des plus pauvres d’entre eux.
Monsieur le Premier ministre, pourquoi tenez-vous à être le porte-drapeau de la croisade pour l’imposition du voile au sein des écoles catholiques ? Pourquoi ce zèle à défendre la vertu, alors que vous en avez été publiquement disqualifié ? N’avez-vous que ça à faire ? Vous êtes attendu sur la feuille de route du redressement national que vous n’avez pas daigné exposer à nos représentants. Vous êtes attendu par les populations qui pataugent dans les eaux et ont tout perdu. Vous êtes attendu par ces jeunes qui n’entrevoient plus que le large où ils risqueront de finir comme des pierres dans le ventre de l’Atlantique. Vous êtes attendu sur le fameux Projet que vous semblez avoir perdu en chemin, à moins qu’il ne se soit agi que de poudre de perlimpinpin !
Monsieur le Premier ministre, sur la route balisée de toutes vos promesses comme autant de panneaux de signalisation, votre conscience et les Var, tel des radars détraqués vous flashent sans arrêt. Les Pv d’amendes constatant vos reniements et mensonges s’amoncellent devant vous. C’est sans doute la cause de votre acrimonie permanente. Lâchement, vous tentez de vous refaire la cerise à bon compte en jouant la corde sensible de la religion. De grâce, laissez l’Eglise catholique sénégalaise et ses œuvres loin de votre perfidie.
Monsieur le Premier ministre, l’Eglise catholique n’a jamais discriminé qui que ce soit, ni dans ses écoles, ni dans ses hôpitaux, ni dans ses autres œuvres sociales. Les citoyens de tous bords et conditions plébiscitent l’humanité qui préside à l’accomplissement de ses missions. Mieux encore, dans les coins les plus reculés du pays, pour les plus pauvres d’entre les pauvres, elle s’est toujours déployée au service de la dignité humaine. Des Sénégalais, par milliers, lui doivent d’avoir été instruits, pétris des valeurs de dignité, de respect, d’amour du prochain, et surtout de la tempérance qui interdit la quête de faveurs sexuelles dans des salons de massage.
Monsieur le Premier ministre, pour l’Eglise Catholique, le Bien commun est le meilleur Bien, car il est celui de tous. Vous ne la prendrez jamais en défaut de contrevenir à ce qu’elle enseigne urbi et orbi, depuis 2000 ans. Vous avez fait haïr et détester tout ce qui est grand, bon et beau dans ce pays. L’Enseignement Catholique est l’œuvre d’un Seigneur, venu dans ce monde il y a 2000 ans, qui a résisté à tous les pouvoirs, à toutes les haines et persécutions. L’arrêté que vous avez demandé à votre ministre de pondre avant le 27 septembre 2024 fera, ne vous en déplaise !, référence au Seigneur Jésus-Christ. Monsieur le Premier ministre, peut-être ne le saviez-vous pas, mais chaque fois que vous datez, vous reconnaissez l’Emmanuel !
Louis Mory MBAYE