A sept mois de l’élection présidentielle sénégalaise, nous assistons quasi quotidiennement à de nouvelles déclarations de candidatures. S’il est heureux dans une démocratie de voir des hommes et des femmes s’intéresser au triste sort de leurs compatriotes et de tenter, par le canal de l’action politique, d’y apporter des solutions, il est tout de même regrettable de voir une pléthore de candidats concourir à la fonction présidentielle comme si cela devait être la seule finalité de l’engagement politique.
L’arrivée de Macky Sall au pouvoir reste une véritable catastrophe à tous les niveaux, car elle correspond à une deuxième alternance dévoyée et dont le grand espoir des Sénégalais placé en elle s’est retrouvée brisé. Nul besoin de statistiques et de chiffres pour affirmer que la souffrance du Peuple a atteint son paroxysme. Aucun domaine de la vie de nos compatriotes n’est aujourd’hui épargné par la manifestation de la mauvaise gestion et la médiocrité pathologique qui caractérisent le règne de Macky Sall depuis sa prise du pouvoir il y a bientôt sept années.
De l’éducation à la santé, en passant par l’économie et la sécurité, la patience des Sénégalais est continuellement mise à rude épreuve. Les exemples foisonnent et en citer dans ce texte serait une simple lapalissade. L’étudiant qui angoisse de vivre une année blanche ou l’enseignant qui passe plus de temps à brandir un mot d’ordre de grève qu’à s’occuper de ses élèves pourra vous répondre avec les mots justes si vous vous aventurez à dresser le bilan de l’éducation sénégalaise sous le règne apériste. Les femmes et les enfants qui parcourent les rues, les bras chargés de bouteilles à la recherche d’eau, comme dans les camps de réfugiés, pourraient vous donner la bonne heure du bilan social sous le magistère du Président Sall. Le plateau médical déficient du pays, comme le reconnaissait à juste titre le juge Demba Kandji (un des acteurs des décisions de justice arbitraires pour écarter des opposants politiques) sur une chaîne de télé française, reflète également tout l’échec de la gouvernance de l’actuel locataire du Palais au plan médical. L’entrepreneur sénégalais, privé de marché public au profit de la sauvegarde d’intérêts étrangers et corporatistes, ressent à coup sûr les affres d’une économie extravertie que la rhétorique d’une bonne croissance cache mal.
Voilà maintenant 18 ans, depuis l’arrivée de la première alternance politique sous Wade, que le Sénégal stagne et que les mêmes problèmes persistent, comme si le Peuple était condamné à la souffrance permanente, à une inégalité sociale chronique et à une résilience pathétique et ce, malgré la sempiternelle promesse de lendemains meilleurs avec la découverte du pétrole et du gaz. Qu’attendre de ces ressources naturelles si d’autres richesses naturelles actuelles dont regorge le pays (phosphate, or, eau, zircon, etc.) ne profitent nullement aux populations ?
Le Sénégal dispose d’un potentiel humain de qualité, mais pèche par un manque de leadership éclairé capable d’impulser une véritable dynamique de changement systémique dont les impacts positifs permettront de sortir le pays du gouffre des pays les plus pauvres de la planète, dans lequel il est toujours plongé depuis notre accession à l’indépendance.
A l’approche de l’élection présidentielle, nous en verrons certainement et continuellement de tous les numéros pour venir profiter de l’innocence et de la pauvreté des populations, et quérir leur voix par la force des promesses les unes plus mirobolantes que les autres. Le pays ne mérite pas de revivre cinq nouvelles années de tâtonnements, de tergiversations et de courbettes devant les puissances étrangères. L’excuse d’un choix de Président par défaut, juste pour donner un semblant de changement, n’est plus acceptable.
Alors, un choix éclairé, exempt de toute subjectivité et des futiles calculs politiciens s’impose.
De tous les potentiels candidats, Ousmane Sonko nous paraît être l’un des plus crédibles pour apporter ces changements tant souhaités et auxquels le Peuple risque de ne pas assister si Macky Sall reste au pouvoir, ou qu’un candidat fait du même moule lui succède.
Par l’exemplarité du parcours professionnel, des actions héroïques posées à un moment critique de sa vie, et le discours de rupture qu’il porte, cet homme peut bien incarner le nouveau Sénégal dont nous rêvons depuis des lustres.
Il est tout également réconfortant de constater l’émergence de cette nouvelle génération de politiciens dont les plus connus demeurent, en dehors de Sonko, l’ex-juge Dème et Thierno Alassane Sall. Ils ont réussi, à un moment où la plupart des Sénégalais associent l’engagement politique à la recherche de sinécures et de privilèges, à la fulgurance dans l’accumulation des richesses et à la promotion des contre-valeurs déshonorantes, de réconcilier une bonne frange de la population avec la noblesse de l’engagement politique dont la finalité est d’être exclusivement au service de ses concitoyens.
Il est alors temps que ces trois nouvelles figures de la classe politique et d’autres dont les profils s’approchent des leurs (Abdoul Mbaye, Thierno Bocoum, Boubacar Camara, etc.) unissent leurs forces pour proposer une nouvelle offre politique aux Sénégalais, à l’opposé de celle de la vieille garde. Ils en sont capables si la volonté est présente, mais il leur faudra surmonter inévitablement la très sensible question de la personnalité politique qui dirigera cette potentielle coalition s’ils veulent éviter les dangers de la dispersion et leur affaiblissement certain qui en découlera.
S’il est facile pour l’électeur de mettre rapidement une croix sur un candidat qu’il juge loufoque, l’exercice est tout aussi périlleux de devoir choisir entre des candidats de qualité. En effectuant un choix, il en élimine par conséquent un autre.
C’est ainsi que la personne de Ousmane Sonko nous semble être un bon compromis. Par l’appareil politique dont il dispose, l’expérience du terrain acquise lors des dernières Législatives sous la bannière d’une coalition, et les valeurs humaines qu’il incarne, Sonko pourrait être à la tête d’une large coalition, capable de remporter l’élection présidentielle dès le premier tour et placer le pays sous une nouvelle ère. Un tel scénario, regroupant la crème de la classe politique actuelle, serait certainement l’équipe de rêve vers laquelle se tourneraient la plupart des indécis qui constituent toujours la majorité de l’électorat de chaque élection.
Malgré l’échec manifeste du règne de Macky Sall et le vœu de beaucoup de Sénégalais de voir un vrai changement de pouvoir, il serait naïf de croire que la chute de la grande coalition Benno book yaakaar se fera en un tour de main. Sans une stratégie claire de conquête du pouvoir et de convergence des forces de la nouvelle classe politique, le réveil risque d’être dur le matin du 25 février 2019.
Les logiques qui fondent le choix d’un candidat dans une élection présidentielle sont complexes, surtout lorsque celles-ci sont déterminées par des considérations subjectives et parfois émotives. A la nouvelle classe politique émergente d’en être consciente et d’accompagner la population vers une véritable maturité démocratique.
Lamine NIANG
nianlamine@hotmail.com
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1 Comments
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Décidément au Sénégal , on préfère les voleurs , les mégalo-maniaques , les opportunistes et surtout tous ceux qui divulguent des secrets d’Etat …tels que Sonko.
Non , nous voulons des gens propres et très respectueux des Sénégalais , à la tête de notre cher Sénégal .