Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) a suspendu les signaux de la Sen Tv et Zik Fm pour 72 heures. Après une mise en demeure ce mercredi, l’organe de régulation est passé à l’acte. Selon le gendarme de l’audiovisuel, les chaînes, «en cas de récidive», risquent des «sanctions plus lourdes». Tandis que pour le patron de D-média, cette suspension est «illégale».Par Ousmane SOW
– «Le Cnra vient de suspendre la Sen Tv et Zik Fm, au seul motif que Ahmed Aïdara doit arrêter de faire la revue de presse. La dictature rampante de Macky Sall est en marche», a écrit Bougane Guèye Dany sur sa page Facebook. Pour le patron de D-media, cette décision du président du Cnra, Babacar Diagne, d’interdire à Ahmed Aïdara de faire la revue des titres et de la presse sur les chaines du groupe, est «illégale».
Pour rappel, l’organe de régulation avait dénoncé des «manquements aux principes d’objectivité, de neutralité, d’équité et d’équilibre» dans les interventions de Ahmed Aïdara, le nouveau maire de Guédiawaye. Les avertissements n’ont pas été suivis d’effet. La suspension court jusqu’à dimanche 18 heures mais les chaînes, «en cas de récidive», risquent des «sanctions plus lourdes», indique le Conseil national de régulation de l’audiovisuel.
Le patron du groupe D-média se dit être surpris par cette décision qu’il qualifie de «non motivée», «abusive» et «infondée». S’opposant à cette décision du Cnra, il estime que jusqu’à présent, Ahmed Aïdara jouit de tous ses droits civiques et politiques et il demeure un salarié du Groupe D-média dont il (Bougane) est le président du Conseil d’administration et promoteur. «Que lui reproche-t-on ?», interroge Bougane Guèye. «D’être devenu maire de la Ville de Guédiawaye, chasse gardée de l’intouchable Aliou Sall ? De conserver son emploi après avoir vaincu le frère du tout puissant président de la République ?», a-t-il répondu.
Evoquant l’article 12 du Code de la presse qui dit, selon lui, que le journaliste et le technicien des médias doivent défendre la liberté d’information et les droits qu’elle implique, notamment la liberté du commentaire et de la critique, l’indépendance et la dignité de la profession. Fort de cela, Bougane Guèye de dire également que cette disposition est curieusement et opportunément acceptée à des journalistes qui ont fini de choisir le camp présidentiel au détriment du camp de l’information. «Monsieur le Président, Etiez-vous atteint de paresse intellectuelle pour ne pas relever les textes dithyrambiques de Yakham Mbaye, le 21 octobre 2021, en faveur de Macky Sall ? Etiez-vous en hibernation circonstancielle lorsqu’en février 2020, Monsieur Racine Talla, journaliste et maire comme Ahmed Aïdara, adulait Macky Sall tout en interdisant les plateaux de la télévision nationale aux leaders de l’opposition, dont je fais partie intégrante ?», a-t-il écrit.
Pointant du doigt le Cnra qui, selon lui, veut «injustement» et «indirectement» licencier Ahmed Aïdara ou le priver d’antenne, Bougane Guèye Dany «demande» à sa direction de ne jamais se plier à des injonctions «illégales» pour des questions relatives au management de son personnel et du traitement de l’information. «Pourquoi vouloir dépouiller M. le maire Ahmed Aïdara de ses moyens de subsistance ? C’est inhumain», regrette-t-il.