Après l’arrestation de Farba Ngom, qui sera le suivant ? Le porte-parole du gouvernement a annoncé des poursuites judiciaires contre Macky Sall considéré comme un chef de gang. Il reste encore un long chemin à parcourir pour qualifier la haute trahison.Par B. SAKHO – 

Les autorités gouvernementales n’ont plus besoin de figures de style pour annoncer d’éventuelles poursuites judiciaires contre Macky Sall. Après l’adoption, en Conseil des ministres le 22 janvier 2025, du projet de décret autorisant le président de la République à ratifier une convention essentielle dans le domaine de la coopération judiciaire qui porte sur l’assistance aux personnes détenues ainsi que sur le transfèrement des personnes condamnées, qui devrait passer à l’Assemblée au début de ce mois, tout le monde avait pensé que la ratification de cette convention signée depuis 2004 viserait l’ex-chef de l’Etat. On a désormais quitté les conjectures pour entrer dans les certitudes avec l’annonce du porte-parole du gouvernement. Il dit : «Inévitablement, il fera face à la Justice, et c’est en toute logique parce que si ces audits certifiés par la Cour des comptes sont livrés à la Justice, Macky Sall sera appelé. On sait qu’il a un privilège de juridiction en tant qu’ancien président de la République, mais il faut se rappeler que l’Assemblée nationale a installé la Haute cour de justice.» Interrogé par la Rfm, Moustapha Ndieck Sarré a utilisé des mots forts et durs pour qualifier Macky Sall. «La Cour des comptes est certainement l’une des institutions les plus crédibles de notre République, qui a certifié des audits faits par le ministère des Finances à travers l’Inspection générale. Donc, Macky Sall aujourd’hui, tout ce qu’il doit faire, c’est demander pardon aux Sénégalais. Parce qu’il n’a pas seulement mal géré ce pays, il a aussi commis des actes extrêmement graves. Tout ce qui s’est passé, s’est fait sous ses ordres. On peut même le considérer comme le chef de gang qui justement a commis des actes criminels dans ce pays. Des poursuites judiciaires ne sauraient être évitées», insiste Moustapha Sarré. Il poursuit : «Il ne peut pas échapper à la Justice parce que c’est lui qui était derrière tout ça. S’il n’a rien à se reprocher, il n’a qu’à venir au Sénégal. De toute façon, nous savons que nous avons une Justice indépendante. Si la Justice prouve qu’il n’a rien fait, il sera épargné. Mais, au moment où je parle, je reste convaincu que c’est lui le chef de gang, c’est lui qui a été à l’origine de tous ces actes criminels que les audits ont révélés.» Est-ce suffisant pour qualifier la haute trahison ? En tout cas, le ministre de la Formation professionnelle a insisté sur la nécessité pour l’ancien Président de répondre devant la Justice si les conclusions de la Cour des comptes confirment des irrégularités financières sous son mandat. «Aucun acte de malversation ne peut être posé sans qu’il en soit informé», persiste-t-il.
Interrogé par Jeune Afrique ce jeudi, l’ancien chef de l’Etat avait qualifié de procédé politique la publication du rapport de la Cour des comptes. «Je n’ai peur de rien, répond Macky Sall. Ils peuvent poursuivre s’ils veulent. J’ai choisi de vivre au Maroc comme mes prédécesseurs ont choisi librement d’aller en France. Rien ne m’empêche d’aller au Sénégal, et je n’exclus pas d’y retourner.»
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