L’ancien huissier de Justice Me Issa Mamadou Dia ne coule pas une retraite paisible à cause de ses allées incessantes devant les tribunaux. Comparaissant en juin dernier pour complicité d’escroquerie, délit pour lequel il a été condamné à 1 mois assorti de sursis, l’huissier à la retraite était encore hier devant la Cour d’appel pour les mêmes faits. Il a interjeté appel, dit-il, pour se plaindre des dommages et intérêts accordés aux parties plaignantes qui réclament les sommes de 5 500 000, 45 000 000, 5 000 000 francs. Me Issa Mamadou Dia, qui a plaidé non coupable, dit avoir seulement délivré un acte aux parties plaignantes en leur demandant de parfaire ensuite la vente devant qui de droit. Et cela, il l’a fait, poursuit-il, après avoir reçu de Paul Vincent Dupont, poursuivi dans cette affaire pour escroquerie, le titre foncier, le jugement d’hérédité et l’état de droit non grevé de charges. Des déclarations balayées d’un revers de la main par Marie Mboup et Mamadou Seck, les seules parties civiles présentes à la barre contrairement à Mamadou Soumaré. Selon les plaignants, c’est ce document, qui a motivé le versement des sommes d’argent à M. Dupont. Etant des profanes en matière d’achat de terrain, ils ont eu une confiance aveugle à l’endroit de l’huissier qu’ils prenaient pour la personne habilitée à délivrer ces actes. «Je n’ai jamais acheté de terrain. Je ne savais pas qu’il fallait voir un notaire. J’ai confiance en la justice et quand il nous a remis l’acte je n’y voyais plus d’inconvénient», a soutenu Marie Mboup.
Mamadou Seck abonde dans le même sens en soulignant que c’est en faisant des vérifications à la Conservation foncière qu’il a découvert que les terrains sont crevés de charges. Mais, selon Me Mbaye Sène, l’un des avocats de la défense, leur client n’a fait qu’un acte en leur disant de parfaire la vente auprès d’un notaire. A l’en croire, les plaignants n’avaient pas les montants demandés pour acheter les terrains. Ainsi, ils avaient besoin d’un huissier pour matérialiser les remises des acomptes qu’ils ont faits. C’est pourquoi, en se fondant sur l’article 7 qui dit que l’huissier peut dresser tout dossier de conciliation, il estime que Me Issa Mamadou Dia n’a pas outrepassé ses prérogatives. Estimant que l’élément intentionnel fait défaut, il a demandé l’infirmation et de débouter les parties civiles de leurs demandes. Il a même rappelé que leur client, le jour même où il a été élargi de prison, a rencontré une autre plainte dans la même affaire et a été placé sous mandat de dépôt. D’ailleurs, informe l’avocat, il a remis à M. Yattara, qui vit à Atlanta, la somme de 15 millions de francs alors qu’il a été relaxé par le tribunal. Embouchant la même trompète, Me Baboucar Cissé dira que les parties civiles qui soutiennent qu’elles faisaient confiance  à l’huissier, savaient  que quand on achète un terrain, il faut aller vérifier à la Conservation foncière. Le Parquet général trouve aussi que Me Dia n’a pas dépassé les charges de son ministère. Pour lui, le protocole d’accord établi par l’huissier ne peut pas être constitutif d’actes de complicité d’escroquerie. Il a requis l’infirmation. La décision sera rendue le 24 janvier.
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