Le chiffre est vertigineux : 342 téléphones portables d’une valeur de plus de 17 millions de francs Cfa. Moustapha Touré a été accusé par le commerçant Talla Fall de lui avoir soutiré autant de téléphones dans son magasin à Colobane. En effet, le prévenu prenait le matériel chez son «ami» pour ensuite l’écouler dans le marché. Dans sa plainte, le plaignant a signalé que c’est à la suite d’un inventaire qu’il a découvert ce manquant. Et d’après lui, les portables en question coûtent entre 50 mille à 120 mille l’unité. Talla Fall a déclaré avoir mené une enquête sur les biens de son collaborateur. Il s’agit de 3 taxis et d’un véhicule particulier. A la gendarmerie, le mis en cause a reconnu n’avoir pris que deux téléphones.
Le procès-verbal d’enquête préliminaire renseigne également que Moustapha Touré avait pris l’initiative de restituer les taxis, mais aussi il serait engagé à donner les 2 millions de francs Cfa logés dans son compte à la banque. «Je n’ai jamais dit ça devant les enquêteurs», réfute-t-il. D’ailleurs, selon son avocat, c’est le Pv même qui mentionne qu’il a «réfuté toutes les allégations». Et que les véhicules proviennent de ses économies.
A la barre, le prévenu n’a pas nié le fait d’avoir accepté la médiation pénale. Cependant, Moustapha Touré dit n’avoir pas mesuré les conséquences de son acte au moment de la signature. «Il m’a accusé de lui avoir pris 17 millions. A la gendarmerie, je lui ai carrément dit qu’il s’agit d’accusations gratuites. Je n’ai pris aucun téléphone. Il me remettait des téléphones que je revendais dans le marché. Il n’y a jamais eu de problèmes de versement pendant 15 ans», s’est-il défendu. Poursuivant, le prévenu a soutenu qu’il a quitté son «ami» parce qu’il s’est rendu compte qu’il était exploité. Le conseiller de la défense a d’emblée précisé que le Tribunal n’est pas saisi du procès-verbal de médiation, mais qu’il a été saisi sur la base du procès-verbal d’enquête préliminaire. «A-t-on produit des factures des 342 téléphones qu’il a pu éventuellement subtiliser ? Depuis quand l’enrichissement de quelqu’un pose problème ?», s’est interrogé l’avocat. «Je ne vois pas d’éléments constants de preuve», conclut-il. «Au nom de la justice et de l’Etat de droit, dit-il, je plaide la relaxe pure et simple de mon client.»
Finalement, le prévenu a été relaxé du délit de blanchiment. Le chef d’abus de confiance a été requalifié en vol de deux téléphones. Il a écopé d’une peine d’un mois avec sursis.
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