La recherche est le parent pauvre des universités africaines et mêmes sénégalaises. Son essor tarde à prendre une courbe ascendante au niveau de ces temples du savoir. D’après le Pr Amidou Datte qui a revisité les chiffres de l’Unesco, «seul 1% de la recherche scientifique est produit en Afrique, au moment où l’Afrique représente 20% de la population mondiale. Et moins de 0, 6% seulement  du Pib africain est investi dans la recherche développement, alors que la moyenne mondiale est d’environ 1, 8%». Il prenait part à la Semaine de l’entreprenariat organisée à l’Ucad.

«Nous comptons 100 chercheurs par million d’habitants en Afrique subsaharienne, alors que la moyenne mondiale est de 1350 chercheurs par million d’habitants», relève le Directeur général de la recherche et de l’innovation.

Pour lui, «il y a des gaps à combler». Et le Sénégal n’est pas exempt de ce reproche. «A l’image des pays africains, le Sénégal est également confronté à ces mêmes défis», a-t-il renseigné. D’après Pr Datte, «l’université sénégalaise consacre de plus en plus d’efforts dans les missions pédagogiques et sociales au détriment de  la recherche». Alors que, pour lui, «il est opportun de revoir notre politique de recherche universitaire pour faire face à ce déséquilibre mondial et réduire surtout la dépendance de notre continent en matière de connaissance». Ainsi propose-t-il six axes sur lesquels doivent reposer la politique de recherche. «Le thème politique de recherche devrait reposer sur six axes fondamentaux. D’abord l’orientation de la recherche universitaire vers les besoins sociaux et économiques dans une approche multidisciplinaire, le renforcement des infrastructures et le développement des mécanismes de financement pour accroître les possibilités de l’expérimentation d’invention et d’innovation, la valorisation et la rentabilisation des résultats de la recherche en encourageant les transformations en application en technologie du champ des brevets et copies, la promotion des partenariats stratégiques et des instruments d’incubation, de protection et de commercialisation, la mise en place de systèmes d’information pour le pilotage et la gouvernance de la recherche assortie d’un mécanisme de suivi-évaluation des performances», a-t-il énuméré.

A son avis, «ces stratégies d’investissement sont essentielles pour transformer la recherche, les innovations en moteur de développement durable de réalisations et d’entrepreneuriat». Il en veut pour preuve les centres d’excellence africains que  sont Agrisen, Agir et Samef qui incarnent, dit-il, «parfaitement cette stratégie pour le développement de la formation à la recherche et à l’employabilité des diplômes». Une initiative qui l’a amené à  saluer l’appui financier de la Banque mondiale qui a permis la mise en place de ces centres d’excellence dans 11 pays africains dont le Sénégal.

«Ce programme d’excellence initié par la Banque mondiale a permis de renforcer les capacités de recherche de nos universités par la diversification du financement, le relèvement des plateaux techniques et la collaboration interuniversitaire.

En effet, ces centres implantés dans onze pays dont le Sénégal, ont contribué à la formation de milliers  d’étudiants, de chercheurs, d’ingénieurs, de jeunes entrepreneurs, tout en promouvant des innovations majeures, dans des domaines comme l’agriculture, la santé, l’environnement et les technologies numériques», a-t-il indiqué.
Par Justin GOMIS – justin@lequotidien.sn