L’unité de traitement de l’or sans mercure du village de Bantako est «un site pédagogique et symbolique», selon le ministre de l’Environnement et du développement durable, Pr Mame Thierno Dieng, qui y a effectué une visite la semaine dernière. Après avoir constaté les résultats et le succès de ce projet test, initié depuis 2014 par Artisanal gold council (Agc), en collaboration avec la direction de l’Environnement et des établissements classés, le ministre a fait savoir que la mission de l’Etat n’était pas de «gêner» l’exploitation du métal précieux, mais de garantir la «sécurité» des personnes et de l’environnement. En effet, l’unité permet de récupérer l’or jusqu’à 70, voire 80% sans utilisation de mercure, alors qu’auparavant le métal était récupéré à hauteur de 40%.
A cet effet, dira le ministre, «vous avez réussi à montrez dans ce site qu’on peut produire plus et mieux d’or en se passant des produits chimiques». Très au fait des dégâts que peuvent causer le mercure et le cyanure que les orpailleurs utilisent dans l’exploitation de l’or, le ministre prévient : «Ce sont des métaux extrêmement rémanents.» Parce qu’ils restent pendant très longtemps sur le corps humain et sur l’environnement. Pour dupliquer cette pratique, le ministre a estimé qu’il faudra travailler à la diffusion du modèle pour ne pas dire sa dissémination dans les autres zones, afin d’amoindrir les dégâts humains et environnementaux. Conscient de l’importance du coût du matériel qui pourrait être une contrainte, il estime qu’avec la diffusion à grande échelle de l’unité, «cette contrainte peut être levée».
Le coût du projet d’implantation de l’unité de traitement de l’or sans l’utilisation de mercure implanté à Bantako est de 50 millions de francs Cfa. Aujourd’hui, le projet a fini de transformer le comportement des orpailleurs de cette zone qui utilisent de plus en plus l’unité à la place des produits toxiques pour faire l’amalgamation de l’or. Le secrétaire général, Sambou Danfakha, du Gie local «Foukhaba» qui l’exploite, assure que «l’unité a été installée sur ce site comme phase pilote». Notre interlocuteur ajoute que «depuis son implantation, des orpailleurs quittent la sous-région pour louer leurs services». Son seul souhait est de faire «la démultiplication du projet dans les autres sites d’orpaillage de la région». La région de Kédougou compte 72 sites d’orpaillage officiellement identifiés. Et dans ces lieux, l’utilisation de produits toxiques tels que le mercure et le cyanure est devenue monnaie courante ; d’où la pertinence d’un tel projet que l’Etat doit accompagner pour limiter les dégâts, car il y a de cela quelque temps, le Service régional de l’environnement a mis la main sur une tonne de cyanure dans le département de Saraya. C’est dire que la menace est bien réelle.
msdiallo@lequotidien.sn
A LIRE AUSSI...