Sa mutation qui lui permet d’infecter plus facilement les cellules et également les personnes, son temps d’incubation (4 jours) beaucoup plus court que celui des autres variants et sa charge virale constituent les déterminants de Delta. Ceux-ci ont été disséqués hier par le président de l’Iressef, Pr Souleymane Mboup.Par Alioune Badara(NDIAYE Correspondant)

– Les effets dévastateurs de la 3ème vague du Covid-19 dans le pays portent l’empreinte du variant indien (Delta). Détecté pour une première à la mi-juin au Sénégal, il s’installe de plus en plus. Il est la cause de 70% des cas d’infection au Sars Cov2, selon les derniers chiffres rapportés par les laboratoires nationaux. Avec lui, les cas positifs se sont multipliés tout comme le nombre de morts. Des nombres record de 29 et 31 morts en une journée ont ainsi été enregistrés ces derniers jours.
A la faveur d’un atelier de formation en bactériologie en cours à l’Iressef, Pr Souleymane Mboup s’est livré, dans une déclaration aux médias, a une séance d’explications sur les raisons de la propagation du Sars Cov2 avec le variant. «On a récemment mieux compris quels sont les mécanismes qui permettent la propagation de ce variant Delta», a indiqué le président de l’Iressef, qui met en avant trois principales raisons. «Le premier, c’est cette mutation qui lui permet d’infecter plus facilement les cellules et également les personnes», a assuré Pr Mboup, notant en 2ème point le temps d’incubation beaucoup plus court que celui des autres variants. «C’est une moyenne de quatre jours pour le variant Delta alors que la moyenne en général est de six jours pour les autres variants», a-t-il argumenté.
Outre ces deux paramètres explicatifs de la situation que le pays vit avec la 3ème vague, Pr Souleymane Mboup a évoqué la charge virale de Delta comme 3ème et non moins plus déterminante dans la propagation et la virulence qui caractérisent Delta. «Le plus important c’est la charge virale qu’il peut provoquer au niveau de l’organisme. Cette charge a été estimée à 1 602 fois plus que la charge virale des autres variants. Donc quand il se produit dans l’organisme, il se développe de manière tellement importante qu’il contamine», a-t-il relevé. «Voilà les trois facteurs qui ont été identifiés comme importants pour expliquer pourquoi ce variant est plus contagieux que les autres», a assuré le Professeur dont l’institut suit au quotidien l’évolution du virus. Il a, à ce propos, fait savoir que le variant Lambda, annoncé dans certains pays, n’a pas pour l’heure était détecté au Sénégal.
Revenant sur l’ordre du jour, Pr Mboup a alerté sur l’importance de la résistance antimicrobienne. «La  résistance  antimicrobienne est l’une des plus grandes menaces pour l’humanité dans le futur», a-t-il mis en avant. «L’Oms a donné récemment des chiffres. Pour donner une idée, on estime qu’il y a peut-être 700 mille morts par année dus à la résistance antimicrobienne, et que vers les années 2050 cela peut aller jusqu’à 10 millions de morts», a poursuivi Pr Mboup. Des microbiologistes dans les secteurs de la santé humaine et animale, mais aussi dans l’agroalimentaire et l’industrie participent à la formation entamée le 2 août et qui va se poursuivre jusqu’au 14 du mois.
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