Entièrement écrit en anglais, Ndeer, le premier ouvrage que Papa Baba Diassé a produit, est une invite à voir la société sénégalaise à travers la femme qui subit les violences conjugales, la polygamie et ses méfaits, le poids de la tradition, l’émigration. L’auteur, par ailleurs inspecteur d’académie de Thiès, a affirmé vouloir redonner de la confiance à la femme ou à la jeune fille sénégalaise dans un contexte de mondialisation.

Excellent ! Excellent ! Excellent ! Voilà la note que les différents intervenants ont attribuée au roman Ndeer lors de son lancement il y a quelques jours au Warc. Publié aux éditions Presses panafricaines et écrit par l’inspecteur Papa Baba Diassé, cet ouvrage retrace l’histoire d’une jeune femme, Ndeer, con­trainte d’arrêter ses études pour être mariée de force. «Ndeer a été, en 2e année d’université, forcée au mariage et a connu beaucoup de difficultés dans sa vie après ce mariage, mais elle s’est battue pour donner du sens à sa vie et à celle de ses enfants», raconte son auteur Papa Baba Diassé. Dans un contexte de mondialisation, ce dernier a voulu à travers ce roman, d’environ 130 pages, apporter sa modeste contribution. Une contribution visant à aider les femmes à mieux avoir confiance en elles-mêmes et à faire fi des stéréotypes sexistes et racistes véhiculés sur elles. «J’ai voulu montrer comment les stéréotypes sexistes et racistes intériorisés aussi bien par les hommes que les femmes nous obligent à nous comporter d’une certaine manière qui reflète la destruction en nous de l’estime de soi, de la confiance en soi et de l’image de soi», confie M. Diassé. Mieux encore, Ndeer est une façon pour l’inspecteur de dire à la face du monde que «si nous voulons aller vers une Afrique émergente, il nous faut travailler pour déconstruire l’ensemble des mythes sexistes et racistes qui contribuent non seulement à reléguer la femme au second plan et à faire en sorte que l’Afrique soit un continent sur lequel le reste du monde se fait une image négative». Mais au-delà, M. Diassé espère planter dans Ndeer les graines de l’espoir, tout comme l’intitulé du premier livre y renvoie : Seeds of hope.
Outre le mariage précoce, Ndeer est l’occasion pour celui qui l’a écrit d’aborder d’autres thématiques qui tournent autour de la femme, des violences qu’elle subit et des limites que lui oppose la société sénégalaise. On retrouve ainsi dans le livre la violence conjugale, le drame familial, la femme mal aimée, la femme face aux poids de la tradition, l’émigration… Des thèmes qui, aux yeux des critiques que sont les enseignants Alioune Sow et Mamadou Kandji, en font un livre si particulier tout comme la technique et le style sont séduisants. «Ce roman est un excellent roman en anglais, qui allie différents genres littéraires. Il mérite d’être promu sur le plan des enseignements. C’est un must», nous dit le premier. Tandis que le second s’attarde, lui, sur la description détaillée et les personnages. «La description très détaillée crée un effet de réel. Les personnages sont humains, très humains. Ils sont certainement le prolongement de l’auteur», analyse-t-il.

Hommage aux femmes
Revenant sur Ndeer, le titre qui renvoie aux femmes de Nder, l’auteur rappelle que c’est une forme d’hommage à toutes les femmes. Il s’accorde par ailleurs le mérite d’avoir écrit un roman qui porte le plaidoyer pour les femmes victimes de formes d’éducation truffées de stéréotypes en Afrique qui avachissent et avilissent la femme. «Dans la vie conjugale, le milieu professionnel, la société, la femme africaine, sénégalaise souffre», rappelle-t-il. Et pour changer la donne et aspirer à l’émergence, il faut à tout prix «des formes d’éducation qui promeuvent chez nos enfants l’estime de soi, la confiance en soi, l’image de soi», plaide M. Diassé. Et pour que ce message soit accessible à tous les Africains et au reste du monde, cet ancien produit du département d’anglais de l’Ucad a choisi d’écrire en anglais. Le ministre de l’Education, Serigne Mbaye Thiam, le félicite pour sa part d’avoir écrit un tel roman, malgré ses charges d’inspecteur.
aly@lequotidien.sn