La première édition de la Biennale «Photoclimat» expose dans dix lieux emblématiques de Paris, une centaine de photos grand format en plein air. Mais le festival nous présente surtout des projets écologiques extraordinaires et le travail pionnier d’hommes et de femmes et d’Ong dans le domaine de l’environnement. Entretien avec le fondateur et directeur artistique Nicolas Henry.Quels sont la raison d’être et le but de cette première Biennale Photoclimat ?
Photoclimat, c’est 30 Ong, 30 artistes du monde entier et des scénographies extraordinaires qu’on a posées dans dix lieux emblématiques de la rive droite de Paris [Place de la Bastille, Place des Vosges, Quai de Seine, Canopée des Halles, Place du Palais Royal…] et dans le Grand Paris. La Biennale Photoclimat est née d’un constat : quand j’ai conçu l’exposition célébrant les 70 ans d’Emmaüs et après une autre exposition pour l’association Lire et faire lire, je me suis aperçu que les grandes Ong n’avaient pas un territoire pour s’exprimer et pour raconter leurs scénarios, leurs existences, leurs quêtes… L’art était une manière de sensibiliser le grand public par de grandes expositions uniques pour les grandes Ong.
Vous misez sur la photo pour réveiller et changer les consciences écologiques. Quelle est la photo qui a changé votre conscience écologique ?
Je pense que le pouvoir émotionnel de l’art est très fort. Quand j’avais douze ans, mon grand frère, pour son anniversaire, avait reçu La Main de l’homme, de Sebastião Salgado. Mon frère et moi, avons regardé ce livre pendant des heures. Nous avons compris la misère humaine, les difficultés. Pour moi, cela a été un choc constructeur extraordinaire.
Selon vous, la prise de conscience doit se faire aussi au sein de la culture. Par exemple, par rapport à la manière de faire des expositions. Que doit-on changer et qu’est-ce que vous avez changé pour réaliser ces expositions éco-conçues, à ciel ouvert et en accès libre ?
Nous essayons de perfectionner cette éco-conception. La culture est quand même un grand pourvoyeur de matériaux. Et si on lie l’événementiel, on passe à une dimension très grande. Souvent la culture est défricheur et avant-garde. Du coup, nous essayons de travailler en bonne intelligence, dans une vision écologique, en diminuant nos déchets, en poussant sur des matériaux recyclés et qu’on recycle. Pour la Biennale, on a pris un cabinet d’ingénierie environnementale, M. & Mme Recyclage, qui nous ont accompagnés dans cette réflexion, pour essayer de faire au mieux.
Dans le domaine du cinéma, lors du Festival de Cannes 2021, le Centre national du cinéma (Cnc) en France avait présenté son plan Action ! qui prévoit à partir de l’année 2023, de rendre «obligatoire la réalisation d’un bilan carbone pour toute œuvre ou tout projet financé par le Cnc». Où en est-on aujourd’hui dans le domaine de la photographie ? Connaissez-vous le bilan carbone de la Biennale Photoclimat ? Pouvez-vous nous dire aujourd’hui le bilan carbone d’une photo exposée ou d’une photo envoyée par WhatsApp ou Instagram ?
Je n’ai pas encore les chiffres. Nous avons un certain nombre de transports où nous pouvons faire le bilan carbone, notamment avec le calculateur carbone chez Good Planet [il existe un calculateur pour les particuliers et un autre pour les entreprises, Ndlr). Après, sur l’ensemble, on essaie d’optimiser. Mais, on n’arrive jamais à l’idéal. Nous avons toujours des transports et d’autres choses. Après, on peut compenser. Le but serait d’arriver à un certain endroit où l’on peut enlever tout. Mais, je pense que c’est une bonne direction.
Aujourd’hui, vous ne connaissez pas le bilan carbone de la Biennale Photoclimat ? Parmi la trentaine d’expositions du festival, il y en a une intitulée Climate Heroes, organisée par un collectif d’artistes du même nom. Qui est pour vous un héros du climat ?
Pour moi, c’est le projet des «stupas de glace», une œuvre extraordinaire [mise en images par le photographe documentaire et réalisateur slovène Ciril Jazbec, Ndlr]. Un projet réalisé dans les montagnes de l’Himalaya. Un ingénieur ladakhe, Sonam Wangchuk, a créé des glaciers artificiels pendant tout l’hiver qui vont s’écouler pendant tout l’été. Du coup, il va pouvoir donner de l’eau aux jardins, alors qu’il y avait beaucoup plus d’assèchement avec les changements climatiques. Il a pu «reconstruire» l’Himalaya avec une idée extrêmement simple, mais géniale.
Rfi