Plus de 35 mouvements citoyens africains issus de 23 pays ont répondu présent à la première édition de l’Université populaire de l’engagement citoyen (Upec) lundi, à Dakar, pour faire l’historique et l’évolution des luttes citoyennes. Ces mouvements sociaux qui ont partagé sur le thème «Citoyenneté et droit de décider» veulent désormais inciter les jeunes à prendre leur avenir en main. Coordonnateur du mouvement Y’en a marre, Fadel Barro souligne que l’objectif de l’Upec «est d’offrir à ces jeunes un cadre de rencontre et d’échange pour mener une réflexion introspective sur les mouvements citoyens et renforcer le réseau panafricain pour susciter un éveil citoyen». Embouchant la même trompette, Fred Bauma du Congo a soutenu que «c’est aussi un défi qui aide les participants à repenser leurs méthodes, leurs idées».
La Place du Souvenir Africain a donc vibré aux rythmes et sons d’Africa mon Afrique. Ismaïla Lô a invité les jeunes à lutter pour un seul Peuple d’Afrique comme le préconise Tiken Jah Fakoly qui était aussi de la partie. Pour sauvegarder les institutions, Fadel d’ajouter : «Ces jeunes, au prix de leur vie, se donnent corps et âme en faisant face aux armes à feu contre mains nues, Kalach contre slogans citoyens. Ils sont victimes d’emprisonnement, de torture et d’assassinat.» Abdoulaye Bathily de poursuivre à son tour : «C’est l’heure des choix pour une nouvelle Afrique indépendante et libre. Du choix d’une indépendance économique pour permettre aux millions de jeunes Africains d’avoir du travail et de ne plus prendre les pirogues ou le désert.» Il invite ainsi «les jeunes à se mobiliser sans avoir peur de dire la vérité aux gouvernants pour inverser les tendances».
Les mouvements citoyens sont souvent, à tort ou à raison, considérés comme des opposants financés par des lobbies.
Si pour l’universitaire Felwine Sarr les mouvements ont joué un rôle important dans les révolutions, il relève cependant leurs limites. «On a sauvé des régimes, mais on n’a pas proposé des alternatives en vue après les révolutions. Ceux qui ont eu des projets sont venus occuper le vide», dit-il. Avant d’ajouter : «Les jeunesses africaines sont vivantes, impatientes et méritent d’être organisées et assistées.» Pour ce faire, souligne Pr Sarr, il faut la «réinvention des termes de notre politique pour traduire ce Peuple politique en capacité réformatrice parce qu’il n’existe pas par lui-même et il faut qu’on le crée».
Stagiaire